Éclaircies en cours…

Poésie d'un Seul rêve qu'un nuage effiloche... sur tes lèvres gercées géographie du doute On a vidé nos poches comme des oiseaux effarouchés certains matins le Soleil paraît plus grand, plus proche, plus lumineux... on y repensera quand les verres seront vides Le regard se détache la main s'est allégée le temps a pris son vol Amour est un carquois d'impatiences fléchées où guetter à genoux le chant d'une Sirène, l'Amazone à cheval en écarte les fils beau rêve que ses doigts rehaussent d'un secret Le vent déjà disperse ce que pourtant le cœur a retenu Ta crinière de pluie bouche d'Amazonie tes seins de voie lactée ton dos sans lendemains ton cul des grands chemins ton sexe de rose rose tes mains du lit de la rivière tes yeux de terre brune et de forêts profondes... Pain béni, Croix du Sud aurores grappillées, aurores gaspillées sous la poudre d'un Ciel éparpillé demain l'avancée du dégel a fortifié nos armes Amour est un carquois plein de rêves brûlant leurs ailes sur un toit de givre et de Silence... Nos baisers ajustés dans la ville refuge Chaque détail en connaît beaucoup d'autres qui fuient Météo favorable éclaircies dans le doute Un chagrin se dissipe à l'ombre de nos doigts ************************ Amour est douce morsure épine de ronces, sucré comme du miel Amour est douce morsure Mais cette nudité en est-on jamais sûr(e)? La distance le grandit, élargit son emprise... Ta présence le montre et c'est une évidence: tes yeux sont ce Mystère à jamais familier... et ta bouche un secret pas toujours bien gardé! Mais cette nudité en est-on jamais sûr(e)? Tenace et capricieux, Amour est ce contraste: tantôt se fait doux comme l'agneau fidèle... et tantôt se rebelle! se cabre et rue dans les brancards! ************************ L'étoile indique le jour La langue en repousse le sens L'ancre fixe le rêve Les larmes partageront cette douleur Les anges naviguent à contre-jour L'abeille ne compte pas ses heures Le vent soulèvera nos tuiles Tes paupières indiquent le chemin L'ongle incise la terre Nos mains fleuriront au désert L'oiseau ébouriffait le Ciel Que son aile adoucisses les chagrins La bouche dit ce mystère Dont ta gorge a nourri l'impatience L'arbre secoue la lumière Son ombre en cherche les racines Le pain durcit chaque jour Pour que la nuit réveille le doute La Lune nous éblouit Sa lumière absorbe notre impatience Le moulin distribue sa chance Ton regard ouvre sur d'autres issues L'écluse a mouillé mon cœur L'oiseau étincelait au-dessus Les nuages se dispersent en grappes La lampe a rassemblé le soir Si chaque pierre était une carte du Monde Chaque pierre nous emporterait au cœur de l'immobilité Paysage accordé La marche est sans obstacle Nos genoux en cascades Énergie maintenue à l'apogée du Temps Le Ciel appelle une espérance Le pas déroule notre attention La jambe ignore le compas L'attente a réveillé nos dieux
Dans le gosier du temps
Ce recueil est paru en 2004, dans une version légèrement différente et sous le même titre, aux Éditions « Gros Textes »

L'air pistache du Soleil où mes mains prennent place car bientôt sa lumière testicules d'azur tombereau virginal y déverse nos traces maintenant c'est une Source impatiente et boivent les vieux cerfs et leurs enfants de soie... Insistance verticale, résurrection de l’œil lointains désembaumés de la mémoire où flotteraient des sarcophages... La peine a mis nos pieds à plat, nous a fermé les yeux j'ignore ses couleurs, mais c'est de cette pourriture que viendront la lumière et les pruniers en fleurs... Pierres pensives j'applaudis l'hirondelle au grès des angles morts touffes du Chagrin, loin des pubs mensongères, très tendance boursière, l'espoir est noir et blanc, souffler n'est pas jouer quand je reprends confiance en tes paumes gercées Calme brûlé, photographies tremblées alors nous glisserons comme des bulles voiture qui sent bon et toi qui sait que je préfère noyer les poissons rouges dans l'atmosphère Insistance verticale, on s'attache les mots et l'alpage blanchi, et le vent virginal Insistance verticale, cercle du bénitier sur ce bout de papier que l'Horizon déchire. Insistance verticale dans tes bras qu'arrondissent des dieux en vacances je brûle à petit feu les carquois de l'enfance. Je veux suivre une trace, nuages dans le Ciel de leurs métamorphoses Je veux suivre une trace...Ô Couronnes du temps! Vrai gibier dont l'amour a chanté la détresse... Je veux suivre une trace aux doigts désarçonnés chagrins évaporés sans arme ni bagage et demander mon reste Ces grottes préparées maintiendront l'avenir captif terre d'ocre égale aux hommes de la petite fumée: juste le temps d'aller cueillir entre nos cuisses l'apocalypse des roses... Origine ce désir qu'on accroche battant avec de petits pas avec des assemblages aux ailes d'un miracle! C'est ainsi qu'une abeille ou qu'un dieu mélangé accueillera d'une secousse hors de ses gongs la rhapsodie des anges... Bientôt nous tracerons, vivante sous l'écorce la tresse de nos doigts... Le bleu du Ciel étonne nos âmes sous caution pupilles en cavale, ordre de dispersion... Le bleu du Ciel étonne ce chagrin sous la cendre aux semelles usées tant de rêves à vendre... Le bleu du Ciel étonne nos larmes asséchant cet éclat dans tes yeux son unique fontaine... Quatre mais de papier traceront l'arabesque où ne luit tout entier qu'un buisson de Silence. Quatre mains de papier traceront l'arabesque d'une abeille à mes pieds vois mon sang qui se glace! Quatre mains de papier brûleront au bûcher plus beau dans ce mystère qu'aux angles arrondis la musique des sphères... Cavalcade d'oiseaux immortel éventail de nos chagrins à vif un peu de sel sous les sabots de nos rêves impairs pour voir venir la chance, ses souvenirs entiers! C'est que le ventre a faim, c'est que la main tâtonne au chœur aveugle des violons... C'est au creux d'une vague deux pieds en suspension, du plâtre dans les yeux l'accumulation fera le vide le vide a préparé le sens... Ainsi l'écart, digestion victorieuse propulsera dans tes narines la mousse en feu de nos étoiles brèves... Il caresse les plis de sa robe l'éclat cuir de nos habitudes cet éperon de velours... Car c'est du bout des doigts que la prière des hommes leur ouvre en grand les portes du Soleil! Car c'est dans ces grimoires d'enfants que vogueront encore deux cents cocottes en papier! Quelque part en exil, ce papier qu'on déplie genoux contre genoux comme une eau de jouvence... Quelque part en exil si ma langue s'obstine étrécissant le Doute dans nos crânes à vide... Quelque part en exil un rayon du Soleil notre vie vagabonde et ne tient qu'à ce fil... Si la chanson nous tient feuillages rassemblés visages adoucis racines enlacées... Si la chanson nous tient rebelles attentifs pieds et poings libérés crinière aux quatre vents... Si la chanson nous tient généreux héritiers amoureux aimantés de nos âmes enfuies comme aux rêves enfouis leur unique Festin... Sur l'établi parurent résurrection du Doute oracles en poussières ces charmes qu'on attache au front d'anciens amers.... C'est pourquoi je préfère dans la paume de tes reins dans la plume de tes mains garder mon alphabet à col de cygne: les cigarettes de l'hiver toujours brûlent en nous le Paradis... Abreuvoir du Silence entre ses notes claires l'eau coule de source sûre et circulaire... C'est maintenant qu'il faut s'y préparer (sans trop y penser) car l'angle des étoiles y fait un feu plus qu'à l'accoutumée... Maintenant qu'il voudrait bien ne plus se taire tremblement des lilas âcre odeur de pétrole et ravines recousues qu'à quatre mains son ange nous guérisse... Racines éparses fouillant au Ciel l'éternité du Doute! C'est que nos têtes emplumées, c'est que nos têtes emmêlées, fiévreuses s'échangent un mystère entier... Alors pour ceux qui reviendront, mendiants et taciturnes voici la Nuit réconciliée... Grands esclaves sonores pulsations médiatiques en boucle tant de rêves en vrac tant de rêves à sac car c'est le dos au mur méditation sous vide rafales d'étincelles sans étancher la Soif! Alors on a cherché l'accord pieds nus sur Terre d'Ocre et sur le bout de chaque doigts notre jeunesse est en lisière sursis de beaux rivages sabres de magiciens hilares cette fleur où ma peau s'accroche à l'espérance puis comme un retour aux sources sûres tracer à main levée cette voûte qu'un Doute élargirait encore... La mort n'en saura rien qu'une fève arrondie dans ma bouche et le pain gardera son mystère, La mort n'en saura rien qu'une abeille obstinée découpe du chagrin repli du désespoir, La mort n'en saura rien si la mer se retire carcasse musicale aux anciens coquillages qu'une épave attentive au Seul sexe des anges... Mosaïque du Ciel beaux rêves en déroute sous la cendre son miel a fait glisser le doute, Mosaïque du Ciel je battrai la campagne l'alouette me nargue enveloppe l'Azur, Mosaïque du Ciel décombres du Silence en partage du jour dans tes yeux qu'arrondissent mes larmes ensuite l'amour à contre-jour... C'est dans ta chevelure mauve espace où gravite l'étoile des confins Terre spongieuse où croiser cette offrande exquis esquifs nos pieds en suspension... Et maintenant si ton sourire préserve sa lenteur il suffira qu'un escargot il suffira qu'une hirondelle nous emporte captifs... L'aiguillon du Mystère n'ignore pas douceur exquise aux marges des salines plus tard il nous dira qu'inventer le bonheur exigerait le mauve des outils c'est alors qu'une flèche empennage nuptial tracera sur ce rêve la brume opaque des tisons... Abreuvoir de l'Oubli ce rire est transparent où nul écho ne songe qu'un avenir étroit nous rendra la monnaie, Vagues interminables comme un allaitement des astres et sur la rouille des rails notre attente effacée, Puis j'ouvrirai ta bouche ô défunte symétrie pour y sculpter ma langue et noyer sa douleur... Mon âme vagabonde et ne sait si toujours tourne tourne la Terre autour de son Soleil, Mon âme vagabonde et sans cesse m'étire car à l'amour je tiens et de la tête aux pieds, Mon âme vagabonde d'une poche percée vers une autre qui donne sa langue de vipère à tous les chats de gout- tière... Caresse du lichen le courant passe entre les mots court-circuite le cœur, Attentive pudeur raccommodant le Jour cette mémoire enfouie sous un éboulement de fleurs car c'est au cœur des choses toujours que la nuit nous échappe... Dans le gosier du Temps j'écarterai l'Absence chagrins à prix coutant fermé pour inventaire, Dans le gosier du Temps j'écrirai ce Silence plus tranchant que l'acier flexible des avions, Dans le gosier du Temps rêves effilochés toutes taxes comprises dans ce gosier pourtant j'enroule ma prière paupières ajourées tout autour de la Terre L'Ange des pauvres mots suscite l'espérance sillage dans le marbre j'emprunterai sa chance, L'Ange des pauvres mots redessine le Jour comme un Cercle doré hors du calendrier, L'Ange des pauvres mots s'allonge sous l'étoffe rêche nos chagrins tête-bêche nos chagrins décousus l'Ange des pauvres mots qu'on lui fasse les poches! J'ai creusé le sillon du enfance électrique locomotive courbe locomotive sourde hurlante sur les rails et sous les ponts d'un seul désir... Ainsi la langue fait le lit des amours sûrs morsure au bec de tout oiseau jamais fané: c'est que toujours nous resterons fruits c'est que toujours nous resterons cette dentelle est l'élastique de nos jours... Ville vorace verticale et vainqueur de toutes nos vertèbres poings levés sous les baisers de leurs fières bannières. Alarme soudaine éloignez vous de la bordure du quai vous le savez nos armes sont à très haute fréquence! Et tout ça pendant que l'enfant dans les bras nus de celle qu'il émerveille, et tout ça pendant que l'enfant nu comme l'abeille rose comme du miel rêve du sang des fièvres abyssales... Draperies insolentes ce ventre de goudron déchaîne l'Océan pétrifiant l'espérance tous ces oiseaux noircis, gluants s'empêtrant de varech, asphyxiés de goudron, Draperies insolentes la poubelle dégorge un rêve de plastique l'emballage nouveau conditionne le geste diminuant le Ciel, Draperies insolentes la main du réfugié ne connaît plus la porte qu'on ouvre les yeux fermés ni la pluie, ni le vent ne peuvent échauffer le cœur des absentés Rosaces du Midi dans tes mains l'Avenir tracera ce jardin racines enlacées, Rosace du Midi l'Univers se dilate fragile et minuscule cette Terre nous é- chappe! Rosace du Midi l’allégresse du site pierres d'angles en tresses leurs anges ajourés illumine d'un coup d'aile sous les paupières! Dans ce Cercle des bras je veux fendre les flots récolter la tempête poussière sur les toits, cendre des cimetières trop de béton armé! Dans ce Cercle des bras j'entasserai la sève tendresse vaginale, ô sang des orchidées... Dans ce Cercle des bras c'est pour dompter le vent! Dans ce cercle des bras c'est cent mille baisers fur- tifs Nomades accomplis sous arches vagabondes sous arches vagabondes dérivant en Lisière loin du doute qu'on calcule au gabarit des armes usinage des pièces de nos hésitations en boucles oui mais ligne du cœur en haut tes paumes à l'affiche à deux doigts de l'amour et déjà leurs bouches enchantées bien plus qu'un chagrin qu'on étire aux quatre coins du Ciel alors mettre les points sur les i gare aux contrefaçons l'espoir est sans escale c'est qu'on a pris conscience, c'est que l'intelligence est mûre Découvriront-ils les mêmes cercles? Les mêmes marges à venir? chanteront-ils encore et d'une voix plus douce? Ô Que de nos paupières accordées se détachent le rêve et sa lucidité Si ta bouche s'enroule courbure de la Terre contre vents et marées j'ajusterai la Cible! Si ma bouche s'enroule trop de papier mâché la fatigue tient bon j'ai rempli la corbeille... Si ta bouche m'enroule ô vertige sonore fi! Je file entre les plis de la mélancolie J'habite une éclaircie d'allégresse calcaire forêt de cygnes pages blanchies neige soufflée comme en haut des falaises un vertige toxique J'habite l'éclaircie alors pourquoi ne pas encore au Seuil respirer ce matin les Ailes du grand large? J'habite l'éclaircie alors pourquoi ne pas déjà vainqueur ajuster cet éclat d'un rêve stupéfié? Planche de salut qu'au rivage une houle dépose fervente parmi les bois flottés joyeux pistil aussi tes reins noués vers un nouveau départ ailleurs c'est un baiser qui lève gibier d'odorante bruyère où la mort a plié les sables du remord... Belles planches qu'on déplie d'une main dédoublée contreplaqué du rêve en attente des mots cette magie dans l'air a conservé nos larmes a conservé nos armes C'est qu'un jour il faut prendre son tour de garde quelle odeur de café ne jette vent debout? Maintenant c'est à la Terre et sous les bois mouillés son murmure très bas nous dénude les pieds... Le Temps n'est plus compté