A l’affiche!

« On s’est imaginé de tout temps que la vérité sait parler haut et fort. Or la vérité se trouve souvent privé du don de la parole, et particulièrement les vérités nouvelles qui craignent par-dessus tout les hommes, et ne disposent que d’une voix faible, indistincte même » Léon Chestov

« Je suis venu à Athènes et personne ne m’a reconnu. » Démocrite

« Il n’est pas de fontaine si petite que les cieux ne puissent se refléter en son sein » Nathaniel Hawthorn

Et si le Vide intérieur et le Vide extérieur n’étaient qu’un Seul et même Vide à l’Horizon d’une Éternelle Absence?

L’Éternelle Omniprésence du Seul Grand Vide étant tout autant et tout aussi bien le comble de l’Accueil que celui de l’Indifférence c’est assurément à l’insondable Générosité du plus Grand et du plus Inconséquent des Hasards que nous devons et devrons encore longtemps l’indispensable fécondité d’une irréductible Différence…

Tentant désespérément d’effacer le Vide ou tout au moins de l’oublier chacun fait comme il peut pour construire un mausolée qui lui ressemble, un mausolée à sa mesure, un mausolée pour y graver son épitaphe.

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Et la mandoline de continuer de faire signe en direction des lointains, et la guitare de continuer à nous retenir en sa proximité…

Il faudra toujours un minimum de temps et un maximum de patience pour permettre à la structure grammaticale de n’importe qu’elle phrase en devenir, et ceci qu’elle qu’en soit la longueur ou la complexité, d’accueillir en les dépliant de saisissantes intuitions venues d’une Originaire et irremplaçable synchronie

L’Omniprésence d’un Vide aussi infiniment généreux qu’éternellement indifférent n’est-elle pas, pour l’ensemble des sciences qui en explorent les contours, comme la Promesse indéfiniment renouvelée de nouvelles investigations, de nouvelles découvertes et bien sûr aussi de nouvelles et très excitantes questions possibles?

Le poète est enfin parvenu à une description complète de la bataille et de toutes ses péripéties avec, pour chacune d’entre elles, un maximum de précisions et de détails parfois effrayants ou macabres. Déjà certains soupçonnent qu’il y aurait ajouté le chant d’un rossignol que personne n’y avait entendu

L’Omniprésente Indifférence du Grand Vide, nulle part susceptible de la moindre mesure ou du moindre calcul constitue bien le Seul Éternel Accueil possible de ces innombrables Chances dispersées à chaque instant et sans même y penser par le plus Grand, le plus Inconséquent et le plus Généreux des Hasards

Les écrivains et tout particulièrement quand ils sont poètes explorent les intarissables ressources conjointes de l’imaginaire et des langues qui lui sont associées, les croisant et les recroisant, créant ainsi d’innombrables univers comme autant de forêts de signes où nous ne manquerons jamais de nous perdre. Et c’est pourquoi les philosophes et les critiques, précisément pour ne pas s’y perdre, précisément pour y voir toujours plus clair tentent inlassablement et chacun pour son propre compte d’en dresser de savantes cartographies!

Les explorateurs, au tout début, étaient leurs propres cartographes. Vint ensuite le temps de la répartition des tâches et bientôt celui d’une division systématique du travail motivée par l’invention constante de nouvelles techniques. Les explorateurs ne cessèrent alors de découvrir ce que les cartographes n’avaient pu prévoir, les obligeant à corriger leurs mesures et à rectifier leurs cartes. Théologiens et métaphysiciens débattaient âprement, se désolant de tant de bouleversements et de désordres! Aujourd’hui certains cartographes sont devenus astrophysiciens tandis que nombre d’explorateurs se sont vus métamorphosés en robots téléguidés, les uns envoyés au plus profond des abysses marines, les autres propulsés jusqu’aux Ultimes Confins de l’Univers…

Car c’est assurément en tant qu’impossible témoin de l’Éternité dans le Temps que nous ne cesserons de nous manquer souvent, de nous effacer parfois et de nous ignorer toujours

C’est de cette ineffable synchronie dont, au cœur d’un inextricable réseau de neurones enchevêtrés, nous conservons les précieuses reliques que, toujours à nouveau et toujours aussi mystérieusement ressuscite l’élan de nos plus folles comme de nos plus spectaculaires acrobaties mentales ou spectaculaires!

Quoi mieux que l’Ascèse de l’Art pour capter, intégrer puis mettre en oeuvre en les restituant à travers d’incomparables nouages les incessantes surprises de l’objectivation nécessaire et d’une indispensable subjectivation…

Dans le point-virgule est-ce le point qui, à l’aplomb de la virgule, veille sur elle ou bien la virgule qui, juste au-dessous, s’apprête à lui échapper?

La faculté de symbolisation est bien ce qui nous permet un tout premier arrachement ou écart par rapport aux enchaînements naturels dont nous avons hérité. Elle est aussi ce qui nous permet de prolonger cet écart en le multipliant et en le démultipliant à l’intérieur même du labyrinthe mental et spirituel rendu possible par cette providentielle faculté de symbolisation.

C’est au plus près de l’Ultime et bienveillante Sagesse que l’ange du Bizarre, l’ange Gardien et l’ange Annonciateur fissent immanquablement par se confondre avec l’ange du Hasard…

L’ange Gardien est exactement à chaque gardien ce qu’à chaque guetteur est l’ange Annonciateur

L’inattendu de nos étonnements n’aura cessé d’inspirer en le croisant et le recroisant, en le coupant et le recoupant l’improbable labyrinthe d’une écriture aux mille surprises, aux mille et un détours, aux dix mille bifurcations…

La pensée, inexorablement vouée au parcours d’un inextricable et foisonnant réseau de neurones enchevêtrés s’accommodera toujours avec ce qu’il faut de fatalisme d’un esprit qui, généralement sans y avoir été invité et le plus souvent sans même prévenir, y prend d’indispensables pieds d’Appel!

L’argent permet à la pieuvre de dérouler ses tentacules en les dissimulant derrière tous les écrans et tous les masques d’une mondialisation économique, commerciale et financière sans autre foi qu’en elle-même et sans autre loi que celle du plus fort ou du plus rusé!

Les complotistes prennent volontiers des airs comploteurs dans le même temps que les comploteurs, lorsqu’ils ne se cachent pas pour ourdir de sombres complots, prennent des airs souriants, affables, infiniment bienveillant.

Le Silence parfait Seul pour annoncer avec autant de tact que de nécessité l’heureuse Indifférence d’un Vide qui, toujours et partout, nous entoure et nous accueille, nous habite et déjà nous efface

Et l’incalculable Générosité des larmes de préparer le chemin du Pardon, de la reconnaissance et de l’Oubli

En Démocratie le principe pourrait bien être le suivant: le moins de censure possible compte tenu de la nécessité de maintenir un Cadre pour cette Démocratie comme pour la Délibération qui en assure la légitimité. La règle de la laïcité en découle qui défend cette liberté de pensée et d’expression et permet de limiter la censure au nom des droits de cette même liberté critique. En régime despotique ou totalitaire le principe pourrait bien être, à l’inverse, celui d’une censure maximale. La censure en effet n’y est que la face négative d’une propagande dont le but ultime est un contrôle total de la pensée de chacun, l’éducation devenant alors comme l’avant garde de cette propagande! Si un tel but était atteint la conséquence en apparence paradoxale en serait que la censure deviendrait inutile puisque la pensée de chacun, entièrement formaté par l’éducation, ne pourrait que devancer la censure avec autant d’enthousiasme que de servilité. L’éducation, ou plutôt ce qu’à bon droit on pourrait considérer comme son négatif, assurerait donc alors la pérennisation du système.

Quitte à le remplir de grains de sable ou de poussière notre pensée laborieuse continue, s’efforçant méthodiquement d’écarter ce Grand Vide tandis que l’Esprit, toujours aussi imprévisible et capricieux ne cesse d’en redessiner les insaisissables contours

Des larmes de Joie, de reconnaissance et d’espérance seront encore et bien plus souvent qu’on ne veut le croire versées en l’honneur et à la Gloire du plus Grand, du plus inconséquent et du plus Généreux des Hasards!

Toute oeuvre écrite a la Chance de pouvoir être, à mesure de son apparition sur le blanc de la page, toujours à nouveau lue et relue par cet enfant qui, en nous, reste le garant espiègle et malicieux d’une insaisissable curiosité.

La Béatitude Bienheureuse du Saint ne saurait effacer et encore moins faire oublier ni les souffrances du martyrisé ni la jouissance du bourreau

La Grande Nouvelle est-elle bonne ou mauvaise? C’est à nous d’en décider en orientant le Sens possible de cette distinction dans telle direction avec telle signification ou dans telle autre avec telle autre signification ou bien encore de la refuser ou de l’ignorer en tentant de l’écarter ou de s’en écarter…

Seule l’Attente du rien, délivrée de tout objet, ramenée à elle-même, en elle-même et pour elle-même pour approcher des infinis possibilités de l’insaisissable et Omniprésente Présence

Nul besoin d’avoir souffert le martyr pour viser la Sainteté, nul besoin d’avoir du sang sur les mains pour devenir bourreau ou tortionnaire!

Aphorismes épars comme les vestiges disjoints d’une cathédrale ruinée; aphorismes dispersés comme ces pousses nouvelles, vivantes et prometteuses dont les racines dessinent déjà un labyrinthe aussi secret que souterrain…

Ne finit-on pas par appeler maxime ou dicton cet aphorisme qui, usé ou érodé et pour finir méconnaissable aura mal vieilli ou vécu trop longtemps?

L’espace mental immédiatement disponible entre deux langues dites naturelles peut à tout moment accueillir les va-et-viens de la traduction avec la constante possibilité de leurs bifurcations, dérivations et autres improbables variantes. Ainsi chaque fragment de discours appartenant à la langue source, demeurant disponible bien que caché sous la traduction qui lui aura été choisie, continuera d’indiquer la possibilité de nouveaux va-et-viens, tissages ou broderies à loger dans l’espace Ouvert entre ces deux mêmes langues dites naturelles…

Qu’est-ce qu’un point d’interrogation sinon l’esquisse d’une spirale dont il nous appartient d’interroger l’interminable et vertigineux Silence?

Mais quel Amour constitue-t-il donc le ciment de ces totalitarismes ou de ces despotismes si terriblement menaçants et destructeur? L’Amour du Chef ou du maître bien sûr! Amour de celui (ou de celle) auquel ( à laquelle) on s’identifie pour en recevoir, comme par magie, puissance gloire et voluptés dans le même mouvement où, non sans quelque inavouable jouissance, on se soumet jusqu’à l’abaissement, renonçant par là même à toute possibilité de choisir ou de décider par soi-même!

La Première d’entre les Majuscules ne restera-t-elle pas et pour toujours Celle qui a ouvert le chemin et fait la trace, indiqué l’Horizon de toutes nos dérives comme de tous nos errements?

L’écriture alphabétique ne nous pousse-t-elle pas toujours à nouveau à la poursuite de l’inexploré quand ce n’est pas à la conquête de l’inédit ou du spectaculaire? Et l’écriture pictographique ou idéographique de son côté ne nous retient-elle pas toujours à nouveau dans ses filets, nous y tournant et nous y retournant pour finir par nous absorber dans ce qui était déjà là sans que nous ayons pu nous en rendre compte?

Car c’est bien dans la perspective de l’irréversible Absence que se font le mieux sentir les incommensurables et bouleversants effets de l’Impossible et Grand Amour…

L’Éternel entre-deux du Passage est tout à la fois ce que l’on traverse et qui nous traverse, ce qu’on croit qui nous tient en même temps qu’on croit le tenir et qui, tout autant et tout aussi bien, nous échappe

Placé soudain et par surprise à la forme interrogative l’aphorisme, en principe si affirmatif, péremptoire et parfois même jusqu’à l’arrogance ne se retrouve-t-il pas d’un Seul coup d’un seul et bien malgré lui retourné comme un gant?