
Certains, projetant sur la société la décrépitude qui les guette finissent par la sublimer en un déclin de civilisation dont ils se mettent alors à traquer les symptômes, à rassembler les indices, à amasser et à brandir de prétendues preuves avec la conviction d’un procureur aux abois!
Tandis que l’art des mathématiques nous ramène toujours à nouveau à la synchronie de leurs graphes, symboles ou algorithmes pour y débusquer de fulgurants raccourcis, l’art poétique, recueillant et rassemblant à même la texture de chaque langue les éléments de sa propre synchronie en tire bientôt l’imprévisible déroulé de ses harmoniques, correspondances et autres indispensables dissonances …
Continuons à chercher même si on ne sait pas exactement ce que l’on cherche et tout en sachant qu’on n’en trouvera jamais que des morceaux, bribes ou fragments…
L’Acte Créateur Originel, surpassant indéfiniment son propre accomplissement ne cesse de s’y prolonger jusqu’aux extrêmes limites du Temps passé, du Temps futur comme de celles d’un Espace habité depuis toujours et pour toujours par l’Omniprésence d’un Vide aussi infiniment accueillant qu’éternellement Indifférent
Ceux qui se plaisent à dénoncer une supposée décadence collective ne veulent pas voir que cette dénonciation pleine d’aigreur en fait elle-même partie, préférant continuer à y voir la marque flatteuse d’une opposition lucide et courageuse. Ils se donnent par là le change sur leur propre décrépitude à venir tout en suivant aveuglément une impulsion primaire aussi profondément ancrée qu’inévitablement destructrice.
C’est en tant qu’il est la source et la ressource d’un Accueil aussi éternel qu’éternellement indifférent que le Vide reste et restera le Comble de toute Générosité
La raison de la souplesse ne saurait s’écarter que très provisoirement de son propre assouplissement…
Pour une pensée partie en quête de son propre Vide cette quête n’est-elle pas en elle-même déjà un leurre plein d’indispensables ressources?
Qu’est-ce qu’une conscience, qu’est-ce qu’un esprit sinon d’abord et avant tout l’auto-révélation d’une sensibilité qui nous aura donc plus d’une fois conduit et même poussé vers tant d’arabesques linguistiques et autres ineffables broderies?
Puisque nous sommes indéniablement le fruit d’une rencontre toute particulière et somme toute assez fortuite nous pouvons parfaitement nous considérer tantôt comme l’aboutissement provisoire d’un singulier entrecroisement de causes et d’effets et tantôt comme l’éphémère et tout aussi singulière matérialisation d’une Chance inouïe!
Quand on traduit d’une langue vers une autre on ne peut éviter d’avoir à franchir cette passe d’où, d’une langue à cette autre, toutes les autres sont encore possibles et rien d’autre…
Ce qu’en toute bonne foi nous nommons Néant, négation radicale de toute forme d’être ou d’existence, est assurément et tout en ne l’étant pas une négation toute aussi radicale de toute représentation ou pensée de cette même négation
Sitôt perçue et avant même d’être comprise la parole peut déclencher une tension psychique et provoquer cet élan et cet appel dont il appartient à l’autre de se faire le partenaire et le répondant. Quand l’autre se dérobe ou s’absente l’écriture adviendra comme le recueillement de cette tension, de cet élan et de cet appel…
Le processus des identifications psychiques d’où résulte notre personnalité profonde et durable durable s’origine dans l’intériorisation de figures, marques ou traits dont l’écriture ne cesse de dérouler en les croisant et recroisant les interminables prolongements…
Il se pourrait bien que la Nature, s’offrant de plus ou moins bonne grâce aux efforts plein d’assiduité de la connaissance, finisse toujours à nouveau par se laisser peler mais sans qu’on puisse jamais en dégager le véritable noyau ou fondement… Que sont et que font les apparences en effet sinon de se recouvrir indéfiniment elles-mêmes à partir de cet improbable fond que pourrait bien constituer ce Seul Grand Vide qui, depuis le Tout début, les enveloppe d’une Éternelle, Omniprésente et Généreuse indifférence?
Rien de mystérieusement caché derrière le jeu des apparences sinon cette formidable architecture de formes qui en constituera et jusqu’au bout l’incorruptible structure!
La Seule véritable et inépuisable ressource du Grand Vide aura donc été l’Omniprésence d’un Accueil aussi infiniment généreux qu’éternellement indifférent
On entend dire que ceux qui partent en quête du Paradis Terrestre finissent toujours par se perdre en chemin… Mais ne sommes-nous pas tous toujours déjà en chemin et tous toujours déjà désorienté ou perdus?
Heureux les cinéphiles qui réussissent à vivre de multiples vies et chacune d’entre elles comme une nouvelle occasion de s’étourdir en explorant un jeu croisé et miroitant de véritables et vivifiantes hallucinations…
L’entretien des caresses est le souci constant, réciproque et partagé d’une discussion dont l’Horizon n’en finit pas de s’enrouler autour de l’Impossible et Grand Amour!
Il faut croire que, dans toute société humaine plus ou moins bien organisée, il y aura toujours des hommes ou des femmes, autorisé(e)s ou croyant l’être, pour vous demander qui vous êtes, ce que vous faites là et d’où vous venez sans que la réciproque soit possible ou même simplement envisageable. Exigeons donc sans tarder que cela ne se fasse que de façon civile, respectueuse et dans un cadre défini et approuvé par la Délibération continuée, légitime et légitimante.
L’indispensable spontanéité de l’inspiration reste directement branchée sur le jeu de sa propre synchronicité.
Il est fort probable que le Seul témoin envisageable de l’Acte Originaire et créateur ait immédiatement disparu: comme absorbé, dissous ou dilué dans la folle Générosité de ce même Acte, de cette même Origine et de cette même et inépuisable création…
Nous offrons chacun jour à la nature diverses humeurs et autres rejets eux-mêmes très naturels et qu’elle se charge d’absorber, de transformer et souvent même de fertiliser. Dans le même temps nous asphyxions ou étouffons cette même nature sous les innombrables déchets d’une intense production industrialisée couplée à une consommation toujours plus massive. Pour finir, chaque jour et sans même nous en rendre compte, nous livrons les multiples traces ou empreintes électroniques de nos déplacements et comportements à la curiosité sans limite de machines ou de robots qui les transmettent alors immédiatement à ceux qui les utiliseront sans tarder pour accroître cette même production en rendant cette même consommation toujours plus addictive…
Notre meilleur(e) ennemi(e) est bien évidemment celui ou celle dont nous savons déjà que, pour l’affronter avec quelque chance de succès, il nous faudra mobiliser à fond et jusqu’au bout l’essentiel de nos ressources!
L’autre Sujet serait-il, dans l’Horizon de l’impossible et Grand Amour, une signature secrète, Unique et chaque fois renouvelée au cœur indéfiniment déplacé du Paysage sans nom?
Volés ou non, mérités ou non, les moments du bonheur sont comme la moisson soudaine d’une semence dont nous aurions oublié la semaison…
Que l’autre Sujet continue de pouvoir être pour nous cette Ouverture du paysage sur l’inattendu de ses propres transformations!
Purement naturelle ou technologiquement assistée qu’est-ce qu’une vivante conception sinon, pour la vie même, la plus prometteuse, la plus fragile et la plus fertile des agrégations?
La définition capture la métaphore pour la contraindre en la fixant d’équerre et de compas quand, déjà, lui repoussent de flamboyantes ailes emplumées!
Est-ce l’ombre qui, inlassablement, nous suit ou nous qui, trop attachés ou dépendants, la suivons de beaucoup trop près?
Tandis que la signification d’un mot de n’importe quel message dépend tout à la fois de la nature réelle ou imaginaire de son référent et de sa place dans le lexique de la langue à laquelle il appartient le Sens, quant à lui, renvoie d’abord au contexte d’une intention expressive associée et comme fondue dans l’énoncé. La possibilité du Non-sens, de son côté, dépendra avant tout du rapport entre ce contexte, l’intention expressive et le message dans lequel cette intention s’est fondue ou imprimée. Cela étant la poésie apparaît bien comme une heureuse opportunité de faire entrer le Non-sens dans l’Horizon du Sens. On pourrait alors qualifier d’absurde le Non-sens d’un message contraire ou inadapté relativement à l’Horizon du Sens ouvert par l’intention expressive.
La connaissance scientifique des phénomènes naturels est aujourd’hui telle qu’elle semble permettre d’anticiper avec un maximum de précision sur le déroulement futurs des phénomènes de l’infiniment petit comme de l’infiniment grand et cela parfois même pour une très longue durée. Ce faisant cette science en arrive à anticiper, pour la Terre où elle est apparue et dont le destin est irrémédiablement lié au Soleil, une Ultime et irréversible Catastrophe naturelle et Cosmique. Il appartient donc dorénavant aux hommes d’anticiper les autres catastrophes à venir pour tenter de les éviter tout en les relativisant. Et sans oublier que cette connaissance admirable ne cesse de progresser en se rectifiant et que les limites mobiles de cette connaissance du Monde ne cesseront de reconduire au Seuil de l’Incommensurable Univers
Lorsque les inventions techniques imitent ou s’inspirent des processus naturels elles ne peuvent que rester en-deça de l’infinie complexité de ces mêmes processus. Ces inventions en effet s’appuient sur des modélisations théoriques et scientifiques qui procèdent elles-mêmes d’une abstraction simplifiante ou schématisante. Ce caractère de simplification ou de schématisation reste vrai pour les mathématiques les plus complexes qui, dès lors qu’on les applique à l’interprétation du réel, ne peuvent qu’impliquer une marge même infime d’approximation. C’est ainsi qu’une expérience de réalité virtuelle ou augmentée, si complexe ou spectaculaire puisse-t-elle paraître, ne peut dépasser en incitations sensibles ou intellectuelles, conscientes ou inconscientes, la riche complexité de ce que peut offrir en toute saison une simple et toujours unique ballade en forêt…
Le Silence peut être vécu comme un manque ou un défaut relatif à la possibilité de percevoir un bruit ou un son. Pour l’esprit toujours en quête de nouvelles acrobaties et autres pirouettes ce Silence est aussi perçu l’absence d’un appel ou d’une réponse à un appel voire même le signe possible de l’impossibilité d’une telle réponse ou d’un tel appel!
Certains outils préservent bien mieux que d’autres la gestuelle naturelle du corps et sa capacité d’abord innée puis progressivement enrichie de varier, parfois même très finement, le moindre de ses mouvements. Ainsi en est-il de certains de ceux dont on dit qu’il prolongent la main: par exemple le pinceau dans celle du peintre ou l’archer dans celle du musicien. La canne à pêche, lorsqu’elle reste rudimentaire, ne semble pas mal placée non plus! C’est également vrai de certains outils ou machines servant eux-mêmes à fabriquer d’autres outils: pensons au tour du potier qui associe si étroitement à une gestuelle différenciée la multiple sensibilité tactile d’une paire de mains et d’une dizaine de doigts…
Ne faudrait-il pas voir le comble de la bêtise dans une impossibilité innée ou acquise de pouvoir cacher cette bêtise derrière un masque et sans qu’il soit jamais possible de prendre conscience d’une telle impossibilité?
Dans la mesure où certains outils, machines ou robots peuvent être vus comme des prothèses perfectionnées dont l’Homme aurait tout de même réussi à se doter et compte tenu de ce que ces prothèses sont de plus en plus nombreuses et performantes pourquoi ne pas considérer alors l’Homme lui-même comme le champion toutes catégories confondues de la maladresse et du handicap!
Certaines machines, avec l’accroissement continu de leurs performances, tendent à asservir l’esprit de façon parfois très insidieuse, soumettant le corps à leur dynamique mécanisée parfois simpliste et réduisant d’autant sa capacité d’intervention, d’invention et d’accomplissement naturel. Or c’est bien du corps et de sa dynamique, de sa gestuelle, de ses changements de position ou de posture que proviennent toutes ces sensations, émotions ou impressions qui, après distillation ou secrète sublimation nourrissent l’esprit, le fortifient et le préparent pour de nouvelles acrobaties, cabrioles et autres improbables pirouettes…
Quelle que soit la langue à laquelle il appartient n’importe quel mot, à peine prononcé, est déjà un rythme, une mélodie, une harmonie en quête d’autres harmonies ou disharmonies, transpositions, renversements ou retournements!
Qu’est-ce donc qu’un Sujet sinon la possibilité de lancer et de relancer certaines indomptables questions dans l’Ouverture sur l’Horizon d’un nombre à jamais inconnu d’autres nouvelles questions?
Mais pourquoi cesserions-nous d’habiter en dansant, sautant et virevoltant l’Impossible d’une insaisissable et fugitive Présence?
L’invention constante et la mise au point toujours plus rapide de techniques systématiquement mises au service d’une implacable mondialisation industrielle, financière et commerciale produit une mécanisation et une uniformisation ou standardisation grandissante du comportement humain et ceci alors même que l’Horizon d’Universalité sur lequel se fonde les sciences qui rendent possibles ces techniques, à commencer par les sciences mathématiques, reste le mieux placé pour nous permettre de comprendre et d’apprécier à leur juste valeur la richesse, la diversité et la particularité sensible infiniment variable de ces mêmes comportements humains…
Ce que nous appelons Europe est un puzzle ou une mosaïque dont les morceaux ou fragments sont constitués par une imbrication ou une superposition de nations aux frontières parfois récentes et de régions dont l’identité est repose sur une rencontre jamais achevée entre leur nature géographique et l’histoire. L’ensemble de ce puzzle ou de cette mosaïque complexe ne réalisera jamais que partiellement et provisoirement l’unité d’un idéal politique commun. Certaines parties de cet ensemble en constante évolution peuvent en effet se métamorphoser voire s’effacer tandis que d’autres apparaîtront pour, un jour, se métamorphoser ou s’effacer à leur tour. Il est donc à espérer que la représentation de cette unité politique idéale et commune soit toujours suffisamment marquée pour demeurer la source et la ressource des prochaines transformations ou métamorphoses de cet ensemble diversifié dont elle constitue le modèle…
Le style trouve toujours à se loger quelque part entre la redondance ou l’uniformité et le vertige de la plus grande diversité ou hétérogénéité. Quelque part entre ces deux bords ou limites chaque style particulier déclinera donc pour lui-même la variation continue d’une tension ou d’un écart entre sa propre uniformisation et sa propre diversification…
L’insaisissable Présence du présent dans le Temps est l’indice indéfiniment renouvelée de cette éternelle Présence d’un Vide qui ne nous échappera jamais que pour mieux nous accueillir et nous absorber
Le sens dessus dessous du Sens avec son inséparable et joyeux Non-sens est l’inépuisable source et ressource où l’esprit, toujours aussi imprévisible et capricieux, viendra encore longtemps puiser l’énergie de ses futures et stupéfiantes acrobaties!
Parvenus tout au fond d’une impasse il sera toujours possible de faire volte face et, sur le chemin d’un retour devenu marche en avant de voir danser des ombres neuves sur les parois de notre imprévisible et double labyrinthe à Ciel Ouvert et à Claire Voie.
Nostalgie d’Ancien Régime: le fou du Roi pouvait se permettre beaucoup de choses à condition de le faire rire; les clowns de la nouvelle démocratie semblent pouvoir s’en permettre beaucoup mais finissent parfois par ne plus faire rire du tout!