
« El sumo desvario del hablar cuando todo calla… » Roberto Juarroz

L'aphorisme est un prisme en charge des étoiles sur ce rêve en sursis j'ajusterai mes armes! L'aphorisme est un bloc où de belles statues se mettront à l'abri de leurs yeux effacés

L'Intuition saisira notre Ciel ses quartiers de noblesse immense rotation d'immenses galaxies et ma main sur ta main pour en faire le tour c'est notre ivresse à mains levées! L'intuition saisira notre Ciel et déjà jaillissement sans fin d'étoiles en sursis vestiges en transit quand nos mains traceront le périmètre sûr et sans aucun calcul d'une caresse à temps perdu La patrie de l'Amour est un Ciel aux accents de mille contrées... La patrie de l'Amour est ce Ciel accroché au bout de chaque doigts! La patrie de l'Amour est au Ciel un replis d'algues brunes coquillages ruisselants... La patrie de l'Amour est un Ciel qu'enveloppe une armée de brouillard et de brumes On a pris soin du Ciel écartant l'horizon pour écouter son givre fine fleur de son sel, ses aiguilles d'or fin... On a pris soin du Ciel on l'a raccommodé souvent puis on est revenu sur Terre s'environner de pluie creusant le fond des mers au comble d'une attente... Maintenant on s'accroche à la Lune, ses dix mille cratères préférant la vapeur de nuages altiers et gagner son mystère à la cause des vents... L'écriture, passerelle de bois suspendue, ajourée pour que les mots d'un bord à l'autre traversent en dansant par-dessus la rivière: les gros mots, les mots de rien tous les mots à tout faire et tous les bons à rien les mots de près, les mots de loin les mots d'amour et de patience les mots d'amour et de silence... Bientôt la page les accueille, leur offre le repos l'attente d'un éveil, d'une résurrection... Car il se peut qu'un jour de ces feuillets en sursis resurgisse le sens! le voilà qui se glisse et passe par ici puis déjà se faufile et repasse par là s'envole à tire d'ailes et sans demander son reste, sans demander son dû passe d'un coup par-dessus la rivière Pour s'enfuir au-dessus de la ligne des bois: loin, si loin... que déjà le vent frais nous en masque l'écho Sans bruit la neige s'est mise à tomber ses flocons minuscules grossissant peu à peu recouvriront bientôt la ville confondue... Regardant par la fenêtre je fume mon troisième cigarillos ! La vue des lointains s'est brouillée maintenant derrière un voile blanc. Ah! Penser le moins possible Silence grinçant des pierres... Son écaille bientôt glissera de nos mains. Un orage plus doux rassemble sa pelote Tes doigts de pieds demain feront deux éventails Pour que l'attente continue plus belle que jamais! J'ai oublié la Lune... Est-ce que ça compte pour des prunes? J'ai oublié la Lune... pourquoi s'étonne-t-elle encore? Crache ta honte et fais en rapidement le tour scelle un couvercle au-dessus des regrets respire à nouveau l'haleine du Grand Large acoquine le Ciel aux étoiles filantes plis les genoux tout contre l'éphémère soulève à deux mains ton Centre de gravité branche ton karma sur de belles fréquences et nourri de silences une égale Colère! Je réserve au Silence un espace et tu sais qu'un chagrin découpé dans un rêve est aussi l'amorce d'un secret sorti de son ornière tapis sous tes paupières: Ce couple de jumeaux rescapés du Désert élargissant son dû dans nos yeux de bruyère tracera l'Horizon de nos égarements... Je t'écris qu'à deux mains le mystère est entier son abeille a vaincu les orages qu'un Ciel déballant son étoffe en mille draperies réserve aux initiés sans armes ni bagages Le torrent qui dévale échancrait sa colère maintenant que l'oubli rejoint son crépuscule ce chemin de sous-bois nous attire et plus tard qu'une crête nuptiale embellisse nos nuits! Poèmes en lisière, évanescence du doute là où tremblent les pierres, arbres déracinés broyés les oiseaux nous ont fui vers des cieux plus cléments plus clairs des cieux moins asservis à la voracité humaine: accaparer l'espace, y comprimer le temps! Poèmes en visière évanescence du doute là où tremblent les pierres, arbres déracinés broyés! Pourtant nulle frontière où l'éclaircie d'un mot accueillera pour nous la danse du Hasard Pourtant nulle frontière où l'éclaircie d'un mot abreuvera pour nous les sourciers du Hasard Surgi d'on ne sait où un vent furieux soudain a soulevé nos tuiles secoué l'enchâssement des lauzes bousculé nos palissades, le labyrinthe de nos haies tiré plus loin nos encablures... Alors, de nos poches percées maintenant retournées que ce rêve griffonné s'élance: quelques timbres sépias, quelques pièces d'argent c'est sûr... et pas un seul regret! Après avoir dansé la Terre Mère, remercié les dieux après avoir chanté les animaux, le vent, la pluie et le Soleil après avoir reçu l'Esprit des grands ancêtres visages barrés de rouge ou bien de noir dans les reflets du feu... Les guerriers sont enfin prêts! Suivront-ils la piste du faucon? Ou bien celle de l'éclair? Cheveux au vent leurs carquois pleins de flèches emplumés les voilà qui chevauchent à cru les voilà qui chevauchent à nu pour ne viser qu'un rêve sûr Giacometti so long la lumière amenuise des athlètes si longs... Giacometti so long la lumière amenuise Diego dans sa chemise ("A l'aplomb d'une étoile")

Tas de pierres Chaos pesants qu'on ne saurait compter cet immobilité d'un héritage laissé à l'entretien des ronces Collier de perles rares et blanches et bracelets en marge du destin, ta gorge d'ambre et de satin le souci de tes hanches fleuries tes poignets encerclés que l'intelligence s'y mesure aux seuls secrets des anciens sceaux
Battements de mon cœur en attente du jour orages thoraciques veines durcies le temps reviendra-t-il des crèches enfantines? Battements de mon cœur en attente du Ciel maintenant que tes mains sans artifice, paumes en l'air comme deux coquillages en route vers l'Azur Nuit noire myriades d'étoiles et moi les pieds dans l'eau écarquillant les yeux ("Nuit") Les vraies sources sont toujours un peu plus loin un peu plus haut invisibles de loin... Alors on a fini par s'asseoir mains au sol genoux pliés front en arrière pour les imaginer derrière nos paupières L'enfant est à venir, ses yeux sont au beau fixe ses cheveux en bataille et ce qu'il dit sans immobilité irise l'eau du lac... Le vieux se tient à contre-jour, silhouette sombre et droite présence ramassée, concentré de mémoire... invisibilité du doute