Ce que nous ne pouvons pas nous empêcher de vivre comme une décision prise dans la perspective de l’une ou de l’autre des dimensions de notre imprévisible et double labyrinthe est toujours déjà une nouvelle bifurcation franchie dans l’une comme dans l’autre de ces mêmes dimensions.
L’Omniprésence du Grand Vide n’ayant jamais répercuté que l’écho du plus Grand des Silences qu’attendre de ces innombrables bifurcations distribuées sans compter jusque dans les moindres recoins de notre indispensable et double labyrinthe à Ciel Ouvert et à Claire Voie sinon le renouvellement d’une indispensable première surprise?
Le cadre nécessaire au fonctionnement de la Délibération continuée, légitime et légitimante ne saurait être consolidé ou réparé au moyen de fils de fer barbelés! Pour autant l’indispensable souplesse de ce cadre ne saurait être sollicitée au point d’en compromettre le fonctionnement libre et équitable: sa résistance se manifestera donc sous forme de contraintes librement et équitablement discutées, adoptées et consenties par cette même Délibération continuée, légitime et légitimante…
Pour un esprit volontiers versatile ou capricieux quoi de plus tentant qu’un Pari à effet immédiat sur l’inconséquente Générosité du plus Grand des Hasards?
La délibération continuée, légitime et légitimante, dans le moment même où elle s’ouvre à l’accueil et à l’intégration d’une diversité de langues s’ouvre par là même à l’élargissement, à l’approfondissement et au renouvellement de ses propres ressources comme de l’Horizon de son propre inachèvement…
L’Horizon d’Universalité concrète dont la Science ne cesse de traquer, de saisir puis de relier les indices épars pour en concevoir l’impossible Unité n’offre-t-il pas à un esprit toujours aussi imprévisible, volatile et capricieux la perspective que du même puisse se manifester dans l’autre, du différent dans le semblable et de l’identique dans un faisceau constamment renouvelé d’innombrables différences?
L’Homo touristicus moderne voire post-moderne est prêt à tout saccager pour obtenir quelques images spectaculaires mais au fond toujours très convenues et aseptisées d’un bonheur garanti d’avance et le plus souvent vendu par lots ou en série!
Car c’est en nous efforçant de ralentir le Temps ou plutôt de ralentir notre passage en lui qu’il nous arrive de sentir le frôlement de ces ombres qui, venues des profondeurs d’un inaccessible Passé ne cessent de migrer vers de toujours très généreuses et très accueillantes réserves d’Avenir
Chaque bifurcation rencontrée dans notre labyrinthe extérieur nous renvoie à une ou plusieurs bifurcations de notre labyrinthe intérieur qui, chacune à leur tour, contiennent déjà et en puissance la possibilité de rencontrer nombre de nouvelles bifurcations de ce même et indispensable labyrinthe extérieur…
La logique de l’écriture alphabétique nous entraîne toujours plus avant vers ce qu’il faudrait encore découvrir ou conquérir, construire ou reconstruire tandis que celle des écritures pictographiques ou idéographiques semble toujours à nouveau ramener vers ce qu’on possède déjà sans toujours s’en être rendu compte…
La Seule et indiscutable Chance dont le Généreux Hasard continuera à nous réserver les meilleurs morceaux ne s’attrapera jamais qu’au vol et au coup par coup!
Ils y en a qui courent comme s’ils fuyaient leurs propres ombres et d’autres qui se précipitent comme s’ils voulaient leur marcher dessus; peu gardent le calme de ceux qui savent déjà que ces mêmes ombres font depuis longtemps partie des masques d’une Ultime, insaisissable et très excitante Vérité!
L’Horizon d’Universalité concrète qui rend possible la progression coordonnée des différentes sciences est bien le même qui permet à chaque délibération particulière, légitime et légitimante d’élargir sa perspective jusqu’à l’universalité d’un Bien commun susceptible d’être reconnus par l’ensemble des différentes délibérations propres à chaque communauté particulière.
De l’Impossible du Grand Amour la seule chose dont nous soyons véritablement sûr est d’avoir plus d’une fois cru en voir fuir l’ombre fugitive et dansante et sans jamais être sûr de le l’avoir eu à portée de main!
Quelle phrase ou quel enchaînement de phrases ne faudrait-il pas pour dessiner jusque dans les moindres détails l’une ou l’autre des parois de notre labyrinthe, en relever les arrêtes ou les aspérités, en redessiner plus distinctement les ombres plutôt que de les éclaircir en les atténuant jusqu’à les faire complètement disparaître
Dans l’attente du plaisir il est souhaitable que soit ajouté au plaisir de l’attente juste ce qu’il faut d’impatience pour étirer le présent vers son plus désirable avenir… Dans l’attente de la douleur il est souhaitable que soit ôté à la douleur de l’attente ce qu’il faut d’insouciance pour retourner le présent sur son passé le plus désirable
Du Seul point de vue de l’avare Nécessité notre déroutante et zigzagante trajectoire dépend d’une équation dont le nombre des inconnues nous le restera encore longtemps!
Et le génie de se réveiller, de s’étonner et de s’esbroufer tandis que le castor, imperturbable, continue la construction du barrage…
Le philosophe s’intéresse à tout ce qu’il peut absorber et ruminer mais sans toujours pouvoir le bien digérer tandis que le poète, instantanément, réagit à ce tout ce qui fait vibrer la corde d’où il s’élancera bientôt les yeux fermés…
Dans l’échange et le croisement, le partage et l’emmêlement d’amoureuses caresses c’est bien la peau de l’autre qui, toujours à nouveau, s’offre comme la paroi souple et tiède de notre indispensable et double labyrinthe et ceci dans le même temps que notre propre peau s’offre comme paroi de l’autre, indispensable et double labyrinthe…
Car c’est en renonçant à contempler notre propre reflet dans les yeux de la Seule, Ultime et insaisissable Vérité qu’on approchera plus sûrement de l’Ultime, insaisissable et bienveillante Sagesse…
En tant que cause formelle de la Délibération continuée le Contrat social ne cesse d’inspirer et d’orienter d’innombrables et foisonnants discours tandis que le Peuple, en tant que cause matérielle et efficiente de cette même Délibération ne cesse de revendiquer pour des intérêts changeants et parfois contradictoires dont il convient, toujours à nouveau, de trouver le commun dénominateur!
La question du droit des animaux qui, en principe, devrait aussi être celle de leurs éventuels devoirs ne devrait-elle pas tenir compte de la possibilité qu’ils puissent un jour en comprendre la signification et les enjeux? Et cette possibilité ne concerne-t-elle pas tout particulièrement ceux qui, refusant de se laisser apprivoiser, tournent inlassablement à l’intérieur de leurs cages exigües?
Dans l’échange et le partage d’un enchevêtrement d’amoureuses caresses le je et le tu ne se croisent et ne s’échangent que dans l’heureuse perspective d’un nous qui ne se laisse approcher que pour mieux nous échapper
La plus heureuse des générosités consisterait déjà à s’adresser à ce qui, pour l’autre, se tient toujours déjà juste au-delà de cette aveugle et aveuglante Nécessité qui ne nous entoure, ne nous assiège et ne nous habite que pour mieux nous emporter, nous consumer et nous disperser jusqu’aux limites d’un Univers aux innombrables métamorphoses…
Car c’est dans le déroulement d’un écheveau d’imprévisibles et brûlantes caresses que la peau de l’autre peut nous faire le plus immédiatement et le plus intensément signe comme peau de l’autre labyrinthe…
La fascination si contagieuse pour ces innombrables écrans où se bouscule nuit et jour une foule d’images immanquablement accompagnées de leurs commentaires interchangeables nous empêchera-t-elle encore longtemps de regarder par la fenêtre?
L’abri de notre fantaisie doit avoir sa porte pour nous permettre d’aller dans le monde et nous y exposer aux rencontres, nous y reconnaître parfois et parfois aussi nous y perdre… Cette même porte nous permettra, le moment venu, d’entrer pour y mettre à l’abri nos plus intimes fantaisies! Cet abri aura aussi ses fenêtres et ses volets pour qu’on puisse, le moment venu, les ouvrir à l’air, à la lumière et au spectacle toujours bruissant d’un Univers aux incessantes et parfois même très spectaculaires métamorphoses…
Si le début est enfin clair, net, plein de promesses et si, en outre, le milieu ne cesse de s’enrichir d’imprévisibles digressions qu’espérer de la fin sinon qu’elle se fasse attendre encore un peu !
Ni la pitié ni la tristesse ne cohabitent volontiers avec l’heureuse admiration. La joie, par contre, la serre de près avec tout de même parfois une pointe de jalousie!
Le partage de cet Horizon d’Universalité concrète qui rend possible les avancées de la science doit permettre, via la Délibération continuée, de concevoir, de mettre en œuvre et de renouveler les conditions d’une heureuse cohabitation d’irremplaçables différences, particularités et autres imprévisibles fantaisies. Et c’est ce même Horizon commun et partagé qui, pour cette même Délibération continuée, rend possible la perspective d’une Ouverture indéfinie de la communauté qui la fonde à l’ensemble ouvert des non encore nés…
Le droit de s’exprimer en quelque langue que ce soit n’implique pas nécessairement celui d’être entendu et encore moins d’être compris, de même que le devoir d’écouter, quand il a lieu, ne saurait exclure celui de s’endormir…
On ne jouera jamais de meilleur rôle, avec de meilleurs partenaires et de meilleures répliques que dans notre petit théâtre intérieur et privé!
Les droits que chacun peut légitimement faire valoir pour lui-même sont immédiatement des devoir à respecter pour les autres. Les enfants ne deviennent que progressivement moralement et juridiquement responsables et comptables des devoirs impliqués par les droits qu’on leur accorde dès leur premier cri est même avant. L’un des objectifs de l’éducation est ainsi de déplacer peu à peu le curseur jusqu’à lui permettre d’atteindre cet équilibre dans la réciprocité des droits et des devoir qui, seul, autorisera un véritable passage à l’état d’adulte et à la citoyenneté qui peut en résulter
En repoussant par tous les moyens la perspective d’une Ultime dispersion de l’Humanité on accroît automatiquement les chances pour cette même Humanité d’entrer en contact avec une civilisation extra-terrestre. Difficile de ne pas espérer alors de cette éventuelle civilisation l’envoie en urgence de Providentielles bouées de sauvetage ou planches de Salut!
Petite espièglerie du Sage: expérimenter le Vitesse dans l’apparence de l’immobilité la plus parfaite!
On n’apprivoisera jamais mieux le Temps qu’en ne cessant de l’étirer à l’intérieur de soi pour l’enrouler sur lui-même à l’abri de toute curiosité et de tout empressement
La perspective d’une irréversible disparition de l’espèce dont ils font indéniablement partie en précipite certains dans la quête effrénée d’une jouissance de prédateurs aux abois tandis que d’autres, au moins aussi nombreux, parviennent encore à cultiver l’illusion d’un miracle possible ou d’une résurrection promise. Pour finir il y a ceux qui, probablement plus proches de l’Ultime et bienveillante Sagesse, se contentent de prolonger au mieux l’expérience d’une palette de plaisirs mis obligeamment à leur disposition par l’inconséquente Générosité du plus Grand des Hasards
Le nœud toujours à nouveau déplacée reliant notre indispensable labyrinthe intérieur à notre non moins indispensable labyrinthe extérieur n’est jamais très éloignée du centre mobile et dispersé de cet inextricable réseau de neurones enchevêtrés dont l’esprit, toujours aussi imprévisible et capricieux, ne cesse de traverser les innombrables embranchements…
C’est toujours à nouveau grâce aux perspectives inattendues du Sens que les significations s’ouvrent à de nouvelles et très stimulantes possibilités; c’est toujours à nouveau grâce aux possibilité insoupçonnées de la signification que le Sens, jamais bien loin de son inséparable et joyeux Non-sens, s’ouvre et nous ouvre à de nouvelles et stimulantes perspectives…
La laïcité de l’État est bien cette Case vide mais réglée permettant à toutes sortes de croyances, des plus vénérables aux plus farfelues, ainsi qu’à toutes sortes de convictions, des plus argumentées aux plus arbitraires de cohabiter le plus pacifiquement possible tout en bénéficiant d’une liberté aussi équitablement répartie que possible…
Le droit de propriété ne devrait-il pas donner à chacun la possibilité de disposer, à l’abri de tout regard indiscret comme de toute oreille inquisitrice, d’un lieu propice à sa fantaisie la plus libre et la plus secrète, la plus capricieuse et la plus authentique?
Certains de ceux qui applaudissent en chœur ne s’applaudissent-ils pas surtout eux-mêmes de le faire si bien, si généreusement et avec un enthousiasme si communicatifs ?
Ce qui se dit ou s’écrit ne s’adresse-t-il pas tout autant à ce qui a déjà été dit ou écrit qu’à ce qui ne l’a pas encore été et ne le sera peut-être jamais ?
L’homo touristicus qui, dorénavant, a la possibilité de se répandre aux quatre coins du Globe est capable de payer fort cher pour assister en direct au spectacle d’une catastrophe à laquelle il contribue lui-même allègrement en exigeant d’y assister aux premières loges et avec un maximum de confort et de sécurité!
Le cadre nécessaire au maintient d’une confrontation aussi libre et pacifique que possible entre les surprenantes élucubrations des acteurs et bénéficiaires de la démocratie ne contiendrait il pas, pour tout despotisme, une irrésistible opportunité? Pour se développer en effet ce despotisme n’hésitera jamais, prenant un masque démocratique, à utiliser ce cadre pour se fortifier lui-même et, le moment venu, tomber le masque et mettre en œuvre sans le moindre scrupule tous les moyens de propagande mis à sa disposition par la techno-science la plus sophistiquée.
L’Horizon d’Universalité concrète qui, sur le plan théorique, guide le discours de la science qui contribue elle-même à en maintenir l’actualité est aussi l’une des dimensions essentielles de l’Horizon permettant à la Délibération continuée de s’unifier et de se maintenir, de se renouveler et de s’enrichir. Ce mouvement délibératif qui est naturellement amené à se poursuivre d’une génération à l’autre est bien, en effet, tributaire d’un pari constant sur la possibilité d’un accord toujours renouvelable concernant la valeur commune des multiples enjeux qu’il s’agit d’examiner.
Au-delà des divergences que la diversité foisonnante d’intérêts souvent particuliers ne peut manquer de susciter l’objectif que la Délibération continuée ne devrait jamais perdre de vue est bien de se maintenir elle-même comme un bien commun à défendre, à partager et à enrichir
La validation par la Délibération légitime et légitimante d’un projet commun ainsi que celle des moyens nécessaires pour sa mise en œuvre engendre une volonté commune à laquelle revient la responsabilité de cette mise en œuvre. Cette volonté se concrétise alors dans le cadre institué d’un pouvoir reconnu légitime, réglé et contrôlé par cette même Délibération.
Que dire de la pensée, consciente ou inconsciente, sinon qu’elle mouline toujours à grande vitesse et plus particulièrement quand elle le fait à Vide! L’esprit Seul pour lui apporter son grain de sel, son grain de sable ou bien son étincelle!
Certaines phrases peuvent être saisies, étirées puis tendues presque jusqu’à leur point de rupture et sans la moindre ponctuation ou presque!
Une atrophie méthodiquement provoquée et entretenue du sentiment naturel de la pitié associée au développement complémentaire d’une haine systématiquement orientée est un ressort indispensable utilisé par tout despotisme pour rassembler et mobiliser le peuple autour d’une cause qui n’est qu’un masque servant à dissimuler sa propre volonté de domination et d’asservissement!
La forme démocratique est susceptible d’être appliquée et mise en œuvre par des communautés particulières coexistant les unes avec les autres à un moment donné et sur des territoires respectifs déterminés, la Délibération s’établissant dans chacune de ces communautés d’abord dans la perspective d’un horizon du bien commun particulier à chacune d’entre elles. L’élargissement de la délibération à plusieurs de ces communautés et peut-être même pour finir à la totalité d’entre elles n’est donc possible que par une mise en commun progressive de leurs Horizons particuliers en un Horizon d’Universalité commune et partagée. Partant de là c’est bien l’Horizon d’Universalité concrète tel que la science en fournit l’interprétation qui se constitue comme modèle formel commun d’un tel processus tandis que le souci d’un bien commun élargi à ce même Horizon en constitue le contenu concret.
Dans le processus de la traduction la langue de départ comme la langue d’arrivée ne cessent de tendre à l’autre le miroir de leurs possibilités insoupçonnées…
Quand et Dieu sait pourquoi les Hommes en vinrent à décider du nom d’un voire de plusieurs dieux n’est-ce pas à la Générosité du plus Grand Hasard qu’ils durent le principal de leur inspiration?
Qu’on y croit ou qu’on n’y croit pas le nom de dieu reste d’un usage parfois délicat et nous savons qu’en de certaines circonstances les effets produits seront sans équivalent!
L’égalité de chacun face au droit de participer le plus librement possible à la Délibération Continuée est le fondement de la démocratique et de la légitimité de cette même Délibération. Ce droit et cette égalité doivent assurer à chacun la possibilité d’une participation effective aussi constante que possible au pouvoir de choisir les objectifs à atteindre en commun ainsi que les moyens pour y parvenir.
La diversité des langues dites naturelles constituerait un véritable défi pour la Délibération si chacun se voyait accordé le droit de s’exprimer dans la langue de son choix et en usant de toutes les particularités ou nuances propres à cette même langue! Cette diversité est déjà un défi dans la mesure où chaque Délibération particulière liée à un État particulier et à la langue naturelle qui lui est en général associée tend à s’ouvrir à d’autres Délibérations particulières à travers des accords et des traités entre États. Un tel défi ne peut être relevé qu’en reconnaissant la tâche de la traduction non seulement en tant que moyen rendant possible le passage d’une langue à l’autre mais encore en tant que bien commun et perspectives ouvertes sur la possibilité d’un Horizon partagé par l’ensemble des Délibérations particulières
La constante possibilité, en démocratie, qu’un courant majoritaire se dessine en faveur de ce qui pourrait conduire à son renversement est le défi majeur auquel doit répondre une éducation appropriée à l’esprit de cette même démocratie. Lorsqu’une telle menace se précise il peut arriver qu’un homme ou un groupe d’hommes prétendent la préserver au moyen de sa suspension provisoire. Des exemples historiques variés de telles situations critiques devraient donc faire partie de cette éducation et du savoir à transmettre entre les générations. Bien sûr, si une telle situation se présentait la question de savoir si un tel homme ou un tel groupe d’hommes aux allures providentielles resterait fidèle à son engagement initial ne peut que se poser à nouveaux frais et inviter à la plus grande prudence et à la plus grande vigilance…
Lorsque nous nous apprêtons à faire souffrir un animal, voire à lui ôter la vie, c’est tout autant la pitié que nous éprouvons pour lui que l’estime que nous nous portons qui devrait nous guider et peut-être bien arrêter notre geste plutôt que l’idée d’un droit dont il y a fort à parier que l’animal concerné n’a pas encore une idée bien claire!
Il est assurément bon et peut-être même salutaire de se rappeler de temps à autre que la démocratie, qui n’a pas été inventée pour nous rendre immortels, tant sur le plan individuel que collectivement pourrait tout de même nous aider à rendre supportable sinon même excitante la perspective d’une inéluctable et irréversible Dispersion Générale!
Certains rêvent d’une cabane en forêt tandis que d’autres s’efforcent par tous les moyens d’acquérir la plus grande part possible de cette même forêt pour l’exploiter le plus rapidement possible au moyen de machines toujours plus puissantes et destructrices et en obtenir un maximum de profit en un minimum de temps.
La science confronte de manière systématique et grâce à des hypothèses choisies ses modèles théoriques avec des observations obtenues à l’aide d’expériences toujours transmissibles et renouvelables et, ce faisant, poursuit inlassablement son chemin en quête de vérités toujours provisoires et relatives. Cette quête sans fin, cette méthode systématique et les résultats qu’elle obtient constituent une référence et un modèle indispensable pour permettre à la Délibération continuée, légitime et légitimante de maintenir l’échange sur les convergences ou les divergences, de prendre des décisions particulières appropriées tout en se maintenant dans la perspective d’un Horizon commun d’Universalité concrète et partagé…
La très ancienne et miraculeuse invention du boomerang force d’autant plus l’admiration que l’on sait maintenant que ceux qui la réussirent eurent longtemps la sagesse de s’en contenter.
Il est possible que ceux qui participent à la délibération continuée puissent bénéficier d’un temps de parole équitablement réparti mais il est impossible de leur assurer que, dans le même temps, ils seront véritablement entendus et surtout compris!
A mesure que la forme démocratique du régime politique se transforme, se corrompt et tend vers la forme despotique ceux qui, progressivement, réussissent à s’accaparer une partie grandissante du pouvoir développent de plus en plus ouvertement une propagande dont le contenu se radicalise à mesure que croît la puissance des moyens techniques déployés pour en étendre la diffusion et en accroître l’impact.
Relativement à l’espèce humaine les autres espèces vivantes, animales ou végétales, peuvent être vus soit comme des concurrentes et parfois même comme des ennemis ou bien, au contraire, considérées comme des alliés. Dans la plupart des cas ces espèces sont une inestimable ressource pour la curiosité, le développement du savoir et l’émerveillement. La Délibération humaine portant nécessairement sur la juste place de l’Homme dans le milieu naturel qui est le sien et dont il dépend doit donc évaluer la place qu’il est souhaitable d’accorder à ces êtres vivants pour, le cas échéant, la réduire et la contrôler sinon la supprimer ou bien, au contraire, la défendre, la protéger et peut-être même l’étendre dans le cadre d’une cohabitation qu’il nous appartient donc de régler.
Il nous est tout aussi impossible d’identifier à l’avance les innombrables bifurcations que le Grand et Généreux Hasard tient toujours déjà en réserve pour les projeter sur le futur parcours de notre indispensable et double labyrinthe à Ciel Ouvert et à Claire Voie que de nous remémorer l’ensemble de celles qu’il a déjà offert à nos indispensables et toujours très fertiles hésitations!
Car la langue pourrait bien être non seulement l’outil et son propre mode d’emploi mais encore l’unique matériau sur lequel il sera jamais possible de l’exercer correctement!
Entre la démocratie la plus accomplie et le despotisme le plus radical il y a de multiples stades intermédiaires possibles dont chacun se présente comme la domination d’un groupe plus ou moins étendu et homogène sur le reste de la communauté concernée. A l’une des extrémité de ce spectre il y a le despotisme intégral qui rétablit ironiquement l’égalité dans la soumission totale de chacun aux contraintes arbitrairement imposées par celui qui s’octroie le privilège d’en être dispensé. A l’autre extrémité de ce spectre on trouve l’idée d’une démocratie directe et permanente dans laquelle chacun pourrait à tout moment, au nom d’un droit de s’exprimer et, éventuellement, du devoir de chacun des autres à l’écouter intervenir pour faire valoir son point de vue sur ces mêmes droits et ces mêmes devoirs!
L’existence légitime de la forme démocratique reste constamment tributaire d’un cadre et d’une délibération qui doivent pouvoir maintenir pour chacun des membres de la communauté concernée la possibilité d’un choix constamment renouvelable entre s’y inclure en y participant ou bien la refuser et s’en exclure mais en s’exposant aux contraintes et aux sanctions jugées légitimes par cette même délibération…
Certains sont si désireux et pressés d’être considérés comme comme des maîtres qu’ils finissent par se contenter de la reconnaissance, bruyante et servile, d’une assemblée de grenouilles!
La démocratie peut-elle éviter de nourrir en son sein ceux qui en deviendront les ennemis les plus décidés, les plus intelligents et les plus redoutables? L’éducation à la démocratie est aussi une éducation au droit que chacun possède de de la refuser et de s’en exclure comme à celui d’être informé des risques encourus à s’en déclarer l’ennemi et à agir, ouvertement ou non, dans le même sens…
Qualifions de politique toute tentative de réfléchir de façon aussi systématique que possible sur l’art humain de se gouverner collectivement à l’aide de règles ou de lois présentées comme nécessaires et légitimes pour atteindre un but jugé lui-même légitime et souhaitable. Une telle réflexion se présente donc immédiatement aussi comme une réflexion sur la légitimité de l’appartenance des individus à une telle communauté politique ainsi que sur celle de l’entrée et du maintient des nouveaux individus dans cette même communauté politique.Une telle réflexion se présente donc aussi nécessairement et de façon complémentaire comme une réflexion sur la possibilité et la légitimité pour chaque individu appartenant à une telle communauté politique de s’en exclure ou de s’y opposer.
Car c’est bien dans la mesure où elle intègre de très nombreux processus de feed-back en réseau que la démocratie nous apparaît comme la moins mauvaise des réponses politiques et humaines possibles face aux multiples, déroutantes et parfois même inquiétantes surprises que n’a pas fini de nous réserver l’insolente et capricieuse Générosité du plus Grand des Hasards!
Pourquoi persévérer avec tant de sérieux en quête de l’Ultime et bienveillante Sagesse alors que tout, désormais, porte à croire que l’Ultime Vérité ne se livrera jamais qu’en morceaux, bribes ou fragments?
Qu’il est tentant de n’attribuer de responsabilité qu’à ceux à l’égard desquels nous éprouvons déjà un ressentiment plein de sombres et douloureuses promesses!
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