Divers recueils

Quand l’Homme s’impatiente

Quand l'Homme s'impatiente
caressant la brutalité des pierres
interrogeant leurs chiffres
la douleur préférable
leurs arrêtes coupantes
alors la Terre est un joyau inutile comme une fraise mûre
et nous admirons alors sa capacité à absorber l'émotion
le bruissement des machines
le geste barbare
la sidérante obscénité des cimetières
car l'homme y réagit par un excès de zèle
par une production d'imprévisibles rayonnements
y glisse en tous sens
lance ses bras vers les galaxies
y jette ses pieds au loin et tombe sur un cortège de satisfactions glacées
alors il faut lutter sans assurance
pour protéger l'arrière saison troublante
la subtilité d'une lumière exceptionnelle
c'est notre luxe de coyote 
en cette fin d'après midi glacée quand les nuages passent à grande vitesse
et qu'on peut presque les toucher
c'est notre Grand Confort
notre ruée vers l'or
d'ailleurs on y pense jamais assez car il y faut un certain tact
et de la concentration
quand à la fin les briques du château s'envolent vers une destination inconnue
alors il faut reprendre son bagage 
et marcher plus lentement vers des visages laborieux
quand à la fin les briques du château s'envolent vers une destination inconnue
alors il faut reprendre son bagage
et marcher plus lentement pour épargner les flaques d'eau


Passagers en alarme des belles promesses
on abaisse les armes
quand une flamme monte à l'assaut de nos âmes
la tendresse tire à vue
la tendresse tire à blanc
car la physiologie des larmes est encore mal connue
et ce doute lacrymal engendre des effets imprévus
dans nos têtes de givre
dans nos têtes d'oiseau
il y a des enfants comme des allumettes
qui n'ont tété que de la paille sèche
la souffrance élargissant leurs yeux
on ne peut les toucher
on risque de les casser
alors les pieds enfouis dans la poudre du Temps
l'impuissance nous transforme en pierre rêches
alors les pieds enfouis dans la poudre du Temps
l'impuissance nous transforme en pierre sèche
matrices de nos veines durcies
le Ciel est une cicatrice lasse
alors on attend les orages glacés qui nous cribleront de face
devenir élastique
pour s'élever sur place
comme des tulipes ressuscitées...   

On peut pleurer chaque jour
car le Soleil n'est jamais tout à fait dans la bonne direction
le cerveau imprégné de Musique
les ailes lumineuses
nous approcherons trop vite du péage...
D'ailleurs les assurances ont déjà calculé leurs taux
sur l'étirement de la peau
et les femmes enceintes seront l'objet de la plus vive attention
la nature a rejoint les carcasses accidentées
et la rouille s'installe sans effort
on peut le vérifier chaque jour grâce aux nouvelles caméras magnétiques
le blé crève les labours
tendre comme un baiser sur un genou de velours.

L'avenir des bibliothèques est à la pointe du progrès
notice jointe
la numérisation des catalogue permet déjà une décontraction extrême
car on peut bifurquer
et la connexion nous entraine
vers une autre configuration des données.
En cas de panne prévoir la sauvegarde du paysage
c'est une question de survie
plus besoin de l'aurore boréale
pour assurer la présence des arbres
car on n'est plus des débutant et l'on sait maintenant
que la Grande Ourse navigue à des années lumières.
Artères gonflées de chaleur excentrique
cette poisse échangée contre tout l'or des Scythes
on accumule une rare loyauté
car c'est en tâtonnant que nos mains l'ont appris
et les veines remplies d'étoiles inondées
l'écorce vieillit lentement
car c'est en tâtonnant que nos mains l'ont appris
l'angoisse apprivoise l'écorce.

Tout a été dit trop vite
nos oreilles finiront par ressembler à l'écorce des arbres
rugueuses et grises comme un flot de lave durcie...
Il faudrait traverser sans hâte
l'espace de nos cathédrales intérieures
ignorer ceux qui tournent les pages sans rêver dans les marges
contourner de gigantesques statues blêmes
là où l'amour propre donne les meilleurs résultats
échantillons gratuits pour tous
la veuve et l'orphelin seront d'une propreté parfaite
dans une intimité décontracté
d'ailleurs chacun le vérifie nuit et jour
malgré le décalage horaire
que les bras enfouis dans la rivière
c'est le triomphe de l'eau claire
chevelure éludant ces aveux ondoyants
sa tendresse obstinée nous occupe longtemps
nourriture d'oubli savamment attisé
il faut laisser le Monde apparaître au fond comme une vibration plus dense.

A cette hauteur on risque de créer de véritables histoires
l'inspiration échappe au contrôle
pourtant les nuages ne seront pas plus perfectionnés
ni les clochards moins désespérés
quant à révolutionner la paléontologie
nous préférons filmer la mutation des coquelicots
car ils sont partout anonymes et seuls
fuyant la mesquinerie des distributeurs et leur bruit de crécelle...
C'est dire l'importance de ces poèmes non datés
comme d'impérissables assauts de patience
d'ailleurs
l'enfance aussi a ses travaux d'Hercule
c'est si simple et c'est si gai
si prometteur et si enrichissant
alors nous seront prêts
mains pleines de billes et de lacets
à affronter le traitement numérique de la jubilation
alors nous ne serons plus Seuls devant le vide opaque
car le découpage des ceintures de sécurité est un travail de longue haleine
pour réussir il faut refuser le désert à crédit
pour réussir il faut devenir plus léger
pour réussir il faut s'emplir les narines de beauté

Sur la Terre insomniaque
la  pauvreté nous a creusé les doigts
et sous le seuil de subsistance il y a des pilules d'arc-en-ciel
alors on consolide les digues ordinaires...
Grâce à de gigantesques construction
le béton sera vendu moins cher
et les décideurs indestructibles
pourront dormir sur leurs oreilles
préservatif compris.
Pourtant l'avenir est encore là plus riche qu'on ne croit
car la musique nous précède et c'est notre façon de bouger
sans chef et sans tribu
pour traverser les murs à la recherche des loups blancs
car la musique nous précède et c'est notre façon de bouger
sans chef et sans tribu
pour traverser les murs à la recherche des amants
et sur nos mains précaires
d'indécidables déracinés
se lira le Silence habité
la protection des Majuscules
le temps qu'on a dilapidé

Ouverture à cœur
l'opération est prévue pour durer
secret médical suspendu
l'évolution de la situation est instantanément connue
les chirurgiens rugissent
ils ont chaussé leurs bottes de sept lieues
tout a été misé sur le rouge et c'est le plus beau cadeau qu'on puisse nous faire
et c'est à prendre ou à laisser
et c'est à prendre avec un grand verre d'eau pour le maintient de l'acuité visuelle.
Alors faites vos jeux c'est plus moderne et c'est plus sûr
faites vos jeux rien ne va plus
Une lueur d'espoir est régulièrement transmise aux destinataires
mais on manque de la codification précise
qui permettrait de mettre la confiance en mémoire
d'ailleurs il n'y a pas de solution idéale
car il y a des irréductibles
comme ces artistes qui préfèrent se remplir les poches de cendres
pour y planter leurs armes
et doubler le Cap de Bonne Espérance
comme ces artistes qui préfèrent
creuser la Terre avec des larmes pour y cacher la transparence
et disparaître sans adresse
car même en version originale et sur un écran plat
toutes ces particules de tristesse ne sont pas commercialisables
et c'est pourquoi quel que soit le nombre de leurs pages
et le grain de leur peau
il est sûr que les dictionnaires ne pourront avoir le dernier mot
d'ailleurs il est préférable de ne pas les laisser à la pluie
car pour la restitution du mystère et pour que l'échec soit une apothéose
et même si les averses sont douces
il faudra prévoir l'échange des fous
car pour la restitution du mystère et pour que l'échec soit une apothéose
et même si les averses sont douces
il faut prévoir échec et mat!