(153)Ne devrait-on pas décerner sans tarder et comme par anticipation une médaille de Sagesse à tous ceux et à toutes celles qui travaillent avec enthousiasme et persévérance à leur propre insignifiance, à leur propre égarement ou à leur propre effacement?
(154)Il est préférable de ne s’opposer qu’indirectement et non sans prudence à ces forces obscures et destructrices qui, sous la pression d’une implacable nécessité n’auront cessé de travailler en nous, pour nous et contre nous!
(155)La bienveillante nature a su faire de l’Homme une puissance d’expression, de communication et de compréhension qui est tout autant une puissance de vérité et d’authenticité qu’une puissance d’illusion, de dissimulation et de manipulation…
(156)Car c’est bien au Seul, Grand et Généreux Hasard que nous devons la continuelle agitation de ces myriades de particules et autres ondes tourbillonnantes qui ne nous bombardent et ne nous traversent que pour mieux nous entraîner et nous consumer en nous dispersant jusqu’aux Ultimes confins d’un Univers aux multiples expansions
(157)Les illusions de la compréhension engendrent volontiers les quiproquos de la reconnaissance
(158)Car ce n’est pas la moindre des vertus de l’écriture que de nous inviter à déguster chaque mot comme on le ferait d’une de ces olives dont on peut toujours à nouveau sucer et re sucer le noyau parfumé…
(159)Ce qui n’aura pas de fin n’a déjà plus de commencement
(160)Est-il donc si surprenant qu’à une époque de marchandisation capitaliste mondialisée et triomphante la sidérante beauté ne soit plus tolérée que sous la forme infiniment dégradée d’un produit standardisé, aseptisé et généralement vendu sous cellophane?
(161)L’irremplaçable Don de l’Energie ne nous aura jamais rien offert de plus généreux ni de plus excitant que cette possibilité constamment renouvelée de la transmettre en la comprimant ou en la dilatant, en l’économisant ou en la dilapidant en d’improbables métamorphose…
(162)Quand bien même une représentation claire de la dispersion qui vient ne pourrait que nous échapper il y aura toujours ce très fidèle et très dévoué vieillissement pour se rappeler à nous avec autant d’insistance que d’attachement et de prévenance.L’idée trop abstraite de la mort ne devient-elle pas tout à fait parlante face au Visage de celui ou celle qui ne répondra plus?
(163)La sainte pitié que nous ressentons pour les victimes innocentes reste inséparable de la juste colère que nous ressentons pour les hommes sans pitié!
(164)Les péripéties parfois violentes qui envahissent nos rêves pour les transformer en cauchemars montrent à quel point l’Homme nourrit d’abord en lui la guerre qu’il ne cesse de porter ensuite à l’extérieur…

(165)Les illusions de la reconnaissance n’engendre-t-elles pas volontiers les quiproquos de la compréhension?
(166)L’idée de la mort ne devient-elle pas tout à fait parlante face au Visage de celui ou de celle qui ne répondra plus?
(167)Le consommateur moderne, sans toujours s’en rendre compte, pratique une religion dont les paradis annoncés s’affichent partout dans les provocations criardes ou obscènes de la publicité tandis qu’un enfer bien réel est maintenu caché dans le ventre d’une insatiable et dévorante machine à produire un flot de marchandises toujours plus nombreuses, toujours plus inutiles et plus rapidement obsolètes les unes que les autres.
(168)Labyrinthe à l’intérieur du labyrinthe l’écriture inachevée de l’inachèvement ne cesse de nous attirer et de nous surprendre, de nous suspendre et de nous dérouter, provoquant notre curiosité tout autant que notre perplexité par de toujours nouvelles, toujours imprévisibles et toujours très énigmatiques bifurcations.L??
(169)Seuls les Chefs d’œuvres du Grand Art pour témoigner avec brio ou panache de l’enthousiasme avec lequel il nous arrive de réagir à la Capricieuse Générosité du plus Grand et du plus Généreux des Hasards!
(170)Le capitalisme mondialisé, industriel et commercial ne cesse de se propager et de se renforcer, détournant et manipulant toujours plus efficacement nos insatiables appétits ou convoitises pour les changer en une très contagieuse et très rentable idolâtrie des images du bonheur et de la joie fabriquée.
(171)La beauté nous touche d’autant plus sûrement, d’autant plus directement et avec d’autant plus d’intensité qu’elle ne se manifeste à nous que comme Signe de son éloignement, de son déclin et de son effacement
(172)Notre merveilleuse époque semble ne rien pouvoir faire espérer de mieux pour le grand âge qu’une interminable et épuisante survie de consommateur toujours plus assisté, toujours plus médicalisé et plus complètement assuré à défaut d’être véritablement rassuré!
(173)Le Hasard a été suffisamment généreux pour nous livrer à notre propre destin comme un dé jeté sur le tapis de la Nécessité mais de telle sorte que, suffisamment acrobate et contorsionniste, nous puissions tout de même nous y voir un moment tourner et tournoyer…
(174)La possibilité de concevoir de nouveaux modèles théoriques d’explications possibles de la Nature, du Monde ou de l’Univers surpassera toujours la capacité humaine de pouvoir tester de manière efficace et convaincante les hypothèses ou les scénarios susceptibles d’être imaginés à partir de ces mêmes modèles.
(175)Le Grand et Généreux Hasard ayant fait aux hommes l’inestimable Don de la bipédie il ne leur aura fallu que quelques centaines de milliers d’années pour concevoir, tester et mettre définitivement au point la redoutable technique de du garde à vous et de la marche au pas!
(176)Quels que soient leurs degrés respectifs de ressemblance ou dissemblance les masques de l’Ultime et insaisissable Vérité ne s’offriront jamais que par bribes, morceaux ou fragments…
(177)Qu’attendre de la rencontre éblouie des Chefs-d’œuvre du Grand Art sinon la possibilité toujours renouvelée d’une très immédiate et très étourdissante mise en forme de notre propre chaos?