(1204)Comblés de vide, riches de rien, privés de tout nous voilà lancés maintenant à la poursuite d’un Horizon qui ne nous entoure, ne nous habite et ne nous appelle que pour mieux nous échapper
(1205)Une carte, un plan, un simple croquis et nous voilà déjà en train de parcourir, dansant, sautant et virevoltant dans notre Seule tête les improbables cul-de-sacs, impasses et autres voies de garage de notre indispensable et double labyrinthe à Ciel Ouvert et à Claire Voie.
(1206)Seule l’écorce rugueuse des arbres pour nous permettre d’apaiser un moment un trop tenace et trop sombre ressentiment!
(1207)Et c’est pourquoi il nous faudra plus d’une fois encore souhaiter bonne chance aux rejetons de l’Oubli
(1208)Les innombrables surprises que nous réserve déjà un insondable passé seront toujours au moins aussi surprenantes, inattendues ou déroutantes que celles qui, déjà, se préparent pour nous dans les réserves de l’Avenir…
(1209)Absolument rien pour échapper à l’implacable Nécessité qui nous assiège, nous aveugle et nous entraîne sinon l’imprévisibilité Capricieuse d’une Contingence aux multiples visages…
(1210)Nos claironnantes déclarations, postures fanfaronnes et autres improbables tenues de foire ne sont-elles pas autant de masques ou de déguisements, de leurres choisis tout exprès pour nous dissimuler ne serait-ce qu’un moment ce que, pourtant, nous ne saurions jamais oublier définitivement?
(1211)Une authentique culture de la liberté se doit de préserver et de défendre tout à la fois la possibilité de nos stupéfiantes acrobaties mentales ou spirituelles et celle, tout aussi précieuse, de nous émerveiller à loisir d’une Nature à laquelle nous devons la part la plus sincère, la plus généreuse et la plus improbable de notre inspiration…
(1212)Nombreux ceux qui n’hésitent pas une seconde à se vanter sans vergogne ou à parader sans retenue et à la moindre occasion, gonflés à bloc comme ces baudruches qu’un simple coup dépingle ramènerait instantanément à de plus justes proportions!
(1213)Que persiste dans nos cœur le vertige sans fin des oiseaux migrateurs

(1214)L’Omniprésence d’un Vide aussi infiniment accueillant qu’éternellement Indifférent est bien le Comble de cette incomparable légèreté si nécessaire à nos stupéfiantes acrobaties mentales ou spirituelles!
(1215)Le Grand et Généreux Hasard Seul aura donc suffi pour soumettre l’implacable, aveugle et aveuglante Nécessité qui nous assiège aux imprévisibles et déroutants caprices d’une toujours très inconséquente et très fertile Contingence aux multiples visages…
(1216)Tout rétrécissement de l’Horizon ne peut que réjouir une méchanceté qui, par ailleurs, trouvera toujours moyen de se cogner la tête, et parfois même violemment, aux barreaux de sa propre cage!
(1217)L’admirable, inépuisable et très inventive profusion d’une Nature jamais à court d’inspiration oblige à la reconnaître comme une irremplaçable Richesse à préserver et à défendre absolument face aux insatiables appétits d’une Volonté de puissance et de domination aussi aveugle et aveuglante qu’immanquablement ravageuse et destructrice!
(1218)Retournant l’Horizon vers les plus infimes détails d’une expérience inachevée de l’inachèvement nous n’en élargissons pas moins et dans le même temps cette expérience et ce même Horizon jusqu’aux Ultimes confins d’un Univers aux innombrables, proliférantes et tentaculaires métamorphoses…
(1219)Dans la mesure où le travail vivant n’est plus lui-même qu’une marchandise mécanisée, robotisée et pour finir exploitée avec un maximum de profit la consommation se transforme immanquablement en une tentative aussi compulsive qu’illusoire de récupérer une liberté dont la plus grande partie a donc déjà été volée
(1220)Aurions-nous donc été abandonnés sans feu ni lieu et ne disposant que de quelques balbutiements ou bégaiements pour nous voir aussitôt emportés, ballottés pour finir dispersés aux Quatre coins d’un Univers aux multiples expansions?
(1221)Toutes ces improbables acrobaties dont nous nous enorgueillissons volontiers et non sans quelques bonnes raisons sont bien le Seul vrai luxe possible d’un esprit qui n’en continuera pas moins d’ignorer ses véritables fondations
(1222)Qu’un Seul mot manque et tous les autres de s’éclipser