LAMPES DE POCHE

(99)L’énergique et capricieux Hasard Seul pour nous offrir tant d’occasions de découvrir, d’examiner et de décrypter toutes ces admirables curiosités si généreusement dispersées aux quatre coins d’un Univers digne d’un éloge aussi démesuré qu’enthousiaste!

(100)Car ce n’est qu’après avoir longtemps tourné autour de l’Ultime et insaisissable Vérité qu’on parvient à concentrer suffisamment d’énergie pour, fermant soudain les yeux, sauter résolument par-dessus!

(101)L’illusion métaphysique la plus rassurante ne risque-t-elle pas de venir à tout moment se glisser jusque dans l’Esprit des Majuscules?

(102)Non contents d’être entendus nous voulons encore être écoutés et compris; non contents d’être compris nous voulons encore être approuvé puis admirés pour finir par nous voir écartés puis rejetés voire trahis!

(103)Il nous arrivera encore plus d’une fois de remercier le Hasard: d’abord parce qu’on est beau joueur et ensuite parce que la partie n’est pas encore tout à fait terminée

(104)Si l’expérience partagée de l’inquiétude et de la souffrance a souvent permis aux hommes de mettre en œuvre une authentique solidarité n’est-ce pas cette même inquiétude et cette même souffrance qui les ont trop souvent précipités à l’ombre des tyrans?

(105)Le Vide est si bien logé au cœur du Vide que Seul le Vide jamais pour effacer ce Vide

(106)Pour un esprit résolument parti en quête de l’Ultime et bienveillante Sagesse le seul secret qui vaille consiste à ne retenir surtout que ce qui contribue à sa déroutante et parfois même stupéfiante capacité de rebondissement.

(107)Car l’incessant porte en lui les germes de nos insolences futures!

(108)L’heureuse discontinuité, fragmentation ou dispersion caractéristique de certains des Chefs d’œuvre du Grand Art n’est chaque fois que le signe brisé, fragmenté et dispersé de tout ce qui continuera encore longtemps de leur échapper

(109)La mystérieuse proportion d’ordre et de désordre, d’implacable Nécessité et d’heureuse Contingence dont l’énergique Générosité du plus Grand des Hasards ne cesse de nous offrir l’irremplaçable Surprise ne pourra que rester elle-même indéfiniment soumise aux incessants caprices de cette même, énergique et folle Générosité

(110)Chaque langue est bien la source et la ressource d’un immense filet que nous ne cessons de lancer et de relancer avec un enthousiasme et une conviction toujours intacts bien que ses mailles parfois trop larges laissent ainsi passer nombre de nos intuitions les plus fines comme les plus subtiles et bien sûr aussi les plus fertiles…

(111)L’attente, tantôt sereine et tantôt fébrile des innombrables surprises que nous réservera encore et toujours le plus Grand, le plus Généreux et le plus Capricieux des Hasards est aussi nécessaire à notre bonne humeur que la folle illusion de la liberté à notre courage et à notre détermination!

(112)Le Silence nous serait-il donc devenu si insupportable que la parole se voit dorénavant et définitivement condamnée à se recouvrir indéfiniment elle-même en un bavardage aussi étourdissant que vain?

(113)Certains arrangements de mots pouvant parfois et selon les circonstances provoquer un plaisir aussi inattendu que vif ou bien, au contraire, une indicible souffrance Seule l’apparente et indifférente sérénité du plus profond Silence semble une réponse vraiment à la hauteur de cette Ultime, inaccessible et très bienveillante Sagesse vers laquelle nous nous efforcerons jusqu’au bout de maintenir le cap…

(114)Dans le plaisir immédiat que l’on peut prendre à marcher tête nue et au grand air n’y a-t-il pas surtout celui d’offrir un moment l’incessant et tournoyant manège de notre pensée en sacrifice à l’inexorable et dévorant écoulement du Temps ?

(115)La quête obstinée, impossible et labyrinthique d’un achèvement dans l’inachèvement est une tentative aussi fascinante que désespérée nous conduisant immanquablement à battre et à rebattre les cartes, à lancer et à relancer toujours à nouveau et avec la même conviction ces dés qu’une aveugle et aveuglante Nécessité n’aura cessé de faire tourner et tournoyer, elle-même inexorablement entraînée, secouée et ballottée dans les imprévisibles et formidables remous du plus Grand et du plus Généreux des Hasards!

(116)Pour libérer l’esprit d’un héritage trop lourd ou trop décourageant pas d’autre issue que de lui faire les poches!

(117)Imprévisible et généreuse la Danse du Hasard autour d’un Vide aussi éternellement accueillant qu’éternellement indifférent n’aura donc cessé d’y redessiner les traits de son propre Visage

(118)Toute nouvelle intuition pouvant immédiatement ouvrir sur un nombre illimité d’autres nouvelles intuitions pouvant chacune ouvrir à son tour sur un nombre non moins illimité d’autres nouvelles intuitions pourra donc se manifester aussitôt en nous accompagnée, doublée et même enveloppée par celle de cette formidable et vertigineuse arborescence…

(119)L’Originaire et très inconséquente Contingence du plus Grand et du plus Généreux des Hasards reste et restera la Seule, Unique et inépuisable Source de toutes ces innombrables surprises qui, déjà, nous attendent à chaque détour et chaque bifurcations de chacune des galeries de notre indispensable, imprévisible et double labyrinthe à Ciel Ouvert et à Claire Voie.

(120)Si, piétinant joyeusement dans une flaque d’eau on en éprouve encore l’excitation de la désobéissance c’est assurément que l’enfant qui, en nous, continue ses jeux intrépides n’a pas encore dit son dernier mot.

(121)C’est assurément comme par magie que chaque nouvelle lecture parvient à en ressusciter d’autres plus anciennes, les superposant, les croisant et les fécondant pour en déposer bientôt les fruits au centre toujours déplacé d’un inextricable réseau de neurones enchevêtrés…

(122)La possibilité d’un Seul, Unique et profond Silence ayant été écartée depuis le Tout début c’est à la Seule, Ultime et bienveillante Sagesse qu’a été confiée la tâche d’estimer la vraie valeur de ces arrangements sonores qu’un inutile et vain bavardage n’aura cessé de dilapider aux quatre coins d’un imprévisible, interminable et double labyrinthe à Ciel Ouvert et à Claire Voie.

(123)La musique et le chant Seuls pour éveiller, charmer et prolonger en nous la profonde nostalgie de tout ce qui n’aura jamais été