LAMPES DE POCHE

(231)Notre très avare, très calculatrice et sombre méchanceté ne serait-elle donc qu’un rejeton amer et stérile d’une très ancienne, très implacable et très aveugle Nécessité?

(232)L’Éternelle et Omniprésente indifférence du Grand Vide n’est rien sinon le comble de l’Accueil

(233)Car ce n’est pas l’écoulement du Temps qu’il nous faut chercher à ralentir ou à stopper mais bien notre course folle à vouloir le rattraper.

(234)Il n’y aura jamais d’Ange que messager du Grand et Généreux Hasard!

(235)N’est-ce donc que par faiblesse ou timidité que nous ne réalisons qu’en rêve ces bizarreries grotesques dont à l’état de veille nous n’aurions pas osé imaginer les péripéties parfois scabreuses…

(236)Chaque métaphore emporte avec elle une formidable, généreuse et féconde puissance de vérité immédiatement doublée d’une non moins formidable puissance d’illusion, de tromperie et d’égarement.

(237)Qu’elle soit tournée vers l’extérieur ou tournée vers l’intérieur l’Ouverture sur l’Au-delà de tous les Horizons ne saurait nous séparer d’aucun ailleurs…

(238)L’Homme ne craint-il pas surtout de perdre ces illusions flatteuses qu’il entretient si généreusement et le plus souvent à crédit?

(239)Remettant une nouvelle fois le Cap sur une Ultime et bienveillante Sagesse l’esprit, toujours aussi imprévisible et capricieux s’élance déjà vers la suite de ses virevoltantes et parfois très spectaculaires acrobaties…

(240)Pourrait-on prier le Hasard autrement que pour rire, autrement que pour en rire?

(241)Une petite mythologie portative nous suit fidèlement et fidèle comme une ombre dessine une silhouette qui nous ressemble à s’y méprendre, ne cessant de se déformer, rapetissant parfois jusqu’à disparaître sous nos pieds ou bien au contraire s’allongeant démesurément et parfois même jusqu’aux limites de l’Horizon…

(242)Sans l’Omniprésence d’un Vide aussi infiniment accueillant qu’éternellement Indifférent aucune Sombre méchanceté ni aucune Généreuse Bonté, aussi indispensable est féconde qu’on puisse imaginer cette dernière n’eussent été possibles!

(243)La perspective de l’Inéluctable ne peut que nous inciter à faire de la dispersion qui vient l’heureuse réussite d’un inachèvement prémédité…

(244)Car c’est au plus profond de la plus Noire des Nuits que, depuis le tout début, s’est caché l’éblouissement de la plus grande Joie!

(245)Lorsqu’on la considère suffisamment longtemps et avec suffisamment de conviction l’idée même de la joie peut devenir si proche de la joie elle-même que leurs éclats se confondent soudain en nous éblouissant!

(246)La quête moderne du bonheur domestique et domestiqué ne pouvant qu’engendre l’extension d’interminables et déprimantes zones pavillonnaires on peut déjà prédire sans trop de risque de se tromper la victoire prochaine et probablement définitive d’un irrésistible et très réjouissant kitsch en kit.

(247)Une avare, Sombre et aveugle Nécessité aura bien été la plus géniale et la plus spontanée, la plus efficace et la plus risquée des inventions du lus Grand et du plus Généreux des Hasards face aux insaisissables esquives d’un inconcevable Néant

(248)Prétendre pouvoir parvenir à une parfaite maîtrise des imprévisibilités capricieuses de l’esprit n’est-elle pas la forme la plus ancienne et la plus séduisante ou sournoise des illusions spirituelles?

(249)Le livre Unique et sans prix que nous suivons à la trace ne serait-il donc qu’un rassemblement fortuit, disparate et forcément très provisoire d’innombrables feuilles volantes ou volées?

(250)Rien tel que les innombrables croisements, carrefours et autres bifurcations de notre indispensable et double labyrinthe à Ciel Ouvert et à Claire Voie pour faire de la dispersion qui vient l’imprévisible réussite d’un inachèvement prémédité.

(251)Car c’est en ne cessant de s’inventer et de se réinventer lui-même dans la plus Grande et la plus Capricieuse des improvisations que l’Énergique Hasard reste et restera l’Unique, inépuisable et éblouissante Source de ses interminables métamorphoses…

(252)Justifiée ou non la perspective de l’Ultime Catastrophe est bien l’un des plus anciens et des plus terrifiants cauchemars de l’Humanité: un cauchemar qui n’a cessé de lui inspirer les croyances les plus folles comme les plus terribles ou cruelles superstitions!

(253)Qu’aurait donc bien pu ajouter l’Énergique Hasard à l’Éternelle indifférence du Grand Vide sinon l’heureux Non-sens de son inépuisable, imprévisible et Capricieuse Générosité?

(254)Car c’est surement aussi grâce à ce labyrinthe d’écriture Ciel Ouvert et à Claire Voie qu’il nous arrivera encore et sans même nous en rendre compte de passer au plus près d’un inaccessible et toujours très évanouissant point de départ

(255)Mais combien de fois encore aurons nous cette Chance de pouvoir fuir en dansant?