LAMPES DE POCHE

(946)Tout visage est à tout moment le masque de mille autres visages dont il recèle déjà tous les sourires comme toutes les grimaces…

(947)C’est assurément grâce à la seule possibilité de s’abîmer dans la contemplation des Chefs-d’oeuvres du Grand Art que nous réussissons de temps à autre à conclure une très heureuse et très reposante trêve avec nous-mêmes!

(948)On prend parfois pour l’impassibilité d’une grande sagesse ce qui pourrait bien n’être qu’un équilibre difficilement maintenu entre entre le sourire et la grimace…

(949)Toute parole vraiment sincère et généreuse n’est-elle pas d’abord et avant tout la réponse à un Appel? Ou bien la réponse à la possibilité d’un appel? Ou bien encore la réponse à ce que nous aurions cru pouvoir interpréter comme la possibilité d’un appel?

(950)Notre foi dans les pouvoirs de la techno-science la plus moderne est-elle si différente de celle qui, dans le même temps, nous attache à ces rites, fétiches et autres superstitions loufoques auxquelles il semble que nous tenions comme à la prunelle de nos yeux?

(951)Ni la vie ni la mort ne doterons jamais quiconque du pouvoir de s’abîmer dans la contemplation de son propre labyrinthe.

(952)Une indispensable et généreuse crédulité sera toujours à la racine la plus ancienne et la plus nourrissante de nos plus folles comme de nos plus étourdissantes acrobaties mentales ou spirituelles?

(953)Si complexes et précis puissent-ils paraître les innombrables calculs de n’importe laquelle de ces sciences si soucieuses de mesurer ce que nous devons à l’Originaire et capricieuse Générosité du plus Grand des Hasards ne pourront que nous éloigner d’autant plus sûrement de nous-mêmes que nous nous y accrocherons dans l’espoir fou de nous y mettre à l’abri

(954)Car c’est par la Seule grâce d’interminables et très attentives caresses que le corps de l’autre finit par se transformer tout entier en un Unique et généreux paysage dansant…

(955)L’éternelle Omniprésence d’un Vide infiniment Indifférent aura bien été la Seule condition de possibilité vraiment nécessaire et suffisante pour un Accueil à la mesure de l’énergique, imprévisible et très inconséquente Générosité du plus Grand des Hasards!

(956)Mentale, spirituelle ou Cosmique l’Ouverture à travers laquelle il nous arrivera encore plus d’une fois de plonger tête baissée est assurément la meilleure explication possible d’une incontestable et réjouissante prédisposition aux balbutiements, bafouillements et autres interminables bredouillement…

(957)Qu’y a-t-il de véritablement profond en nous sinon la Surface infiniment pliée puis dépliée, infiniment roulée puis déroulée, infiniment froissée puis défroissée d’une Contingence aux multiples Visages?

(958)Qu’on le veuille ou non, qu’on en ait ou non véritablement conscience chaque interprétation, si modeste et limitée soi-elle, ne peut qu’entraîner vers nombre d’autres interprétations et ceci sans jamais que nous puissions faire autrement que de tourner encore et encore autour du Centre indéfiniment déplacé de toutes les interprétations possibles…

(959)Nous tenons à répondre à certaines questions avec d’autant plus d’obstination qu’une bonne partie de leur sens continue de nous échapper

(960)La seule véritable et indiscutable saisie du temps consiste à sentir combien il ne nous traverse que pour mieux nous emporter et ne nous emporte qu pour mieux consumer jusqu’aux ombres de nos traces

(961)L’Acte Originaire et Créateur, emporté par sa Seule et inépuisable Générosité n’aura eu de cesse d’effacer pour nous les traces de son propre Commencement

(962)L’idée du Vide est décidément très proche, infiniment proche, trop proche même de celle de son propre effacement

(963)Certains évènements, même minimes, survenant à l’intérieur de notre indispensable et double labyrinthe à Ciel Ouvert et à Claire Voie pourraient-ils nous apparaître autrement que comme autant de mystérieux indices malicieusement laissés pour nous par l’Ultime et insaisissable Vérité?

(964)Soyons sûrs que c’est aussi et peut-être même surtout en raison de la place qu’elle accorde au Seul, Unique et grand Silence que la musique nous appelle, nous envoûte et, inéluctablement nous entraîne jusqu’au cœur de l’inépuisable et vertigineux tourbillon de ses propres apparences…

(965)L’Omniprésente Accueil d’un Vide aussi Généreux qu’indifférent n’aura pas été de trop pour que continue de nous emporter l’inépuisable et vertigineuse Chorégraphie d’une Danse qui n’a de cesse de nous précipiter vers l’Horizon de ses propres métamorphoses…

(966)L’Au-delà de tous les Horizons Seul pour nous ouvrir à l’inépuisable succession de ces imprévisibles carrefours, croisements et autres bifurcations toujours déjà prêts à nous surprendre aux détours d’un indispensable et double labyrinthe à Ciel Ouvert et à Claire Voie

(967)Si trop de questions finissent par donner le Vertige n’en négligeons pas pour autant de nous maintenir encore et toujours à bonne distance de l’Unique, inconcevable et imprononçable Question!