(301)N’oublions surtout pas que c’est en pratiquant avec toujours plus de finesse et de subtilité l’art si ancien de la bifurcation que nous conserverons toutes nos chances de saisir avec un maximum de réussite les innombrables surprises que nous réserve déjà la Suite d’un imprévisible et double labyrinthe à Ciel Ouvert et à Claire Voie…
(302)Ne vivons-nous donc pas déjà comme des fugitifs ou des errants et cette fuite ou cette errance ne se prolonge-t-elle pas souvent Seule dans notre tête alors que nous pouvons offrir l’apparence de la plus grande et de la plus rassurante sérénité?
(303)Il y a des lectures qu’on est immédiatement tenté de recracher et d’autres dont l’assimilation nécessite une longue et pénible digestion: quelques unes seulement qu’on aimerait pouvoir indéfiniment mâcher et remâcher dans l’espoir de repousser encore et encore le moment de l’ultime phrase, le moment du dernier mot et celui de l’ultime ponctuation!
(304)On aimerait pouvoir former les blancs autant que les noirs, les silences autant que les sons et s’approcher ainsi de ce Silence et de ce Vide qu’un incessant bavardage tente inlassablement de recouvrir sans jamais pouvoir vraiment y parvenir
(305)Conserverions-nous la moindre chance d’attraper encore un bout de ce fameux bonheur si nous n’étions déjà en possession de cette tente légère qu’on finit toujours par monter ou par démonter tout Seul et parfois même le plus rapidement possible…
(306)Alors pourquoi ne pas imaginer un Univers en forme de fleur, de fruit ou de papillon et pourquoi ne pas en imaginer aussitôt nombre d’autres toujours en forme de fleurs, de fruits ou de papillons, leur permettant ainsi de se reproduire rapidement, en toute sécurité et en toute innocence.
(307)Parfaitement conscient d’être définitivement enfermé dans cet indispensable et double labyrinthe d’écriture à Ciel Ouvert et à Claire Voie nous n’en continuerons pas moins d’en explorer avec autant de vaillance que d’enthousiasme l’indéchiffrable réseau; exactement comme nos lointains ancêtres, progressant avec autant de crainte que de fascination dans les sombres galeries de de très anciennes cavernes finirent par leur confier la trace de leurs premiers envoûtements…

(308)L’Omniprésente, insondable et très immuable Indifférence du Grand Vide aura donc bien été le Seul, indispensable et même providentiel Accueil à la mesure de l’inconséquente, imprévisible et inépuisable Danse du plus Grand et du plus généreux des Hasards
(309)Car c’est en nommant le Néant que nous croyons saisir enfin la véritable limite de toute pensée; car c’est d’avoir nommé le Vide que nous croyons pouvoir enfin en savourer le luxe
(310)Cet inestimable Bonheur que nous tentons toujours à nouveau et toujours aussi obstinément d’attraper ne s’accommoderait-il donc que d’un abri aussi précaire que léger, souple et d’autant plus facile déplacer?
(311)Prions pour que continuent de se célébrer en nous les noces du Caprice et de la fantaisie…
(312)Il faut prendre soin de notre méchanceté mais toujours le fouet à la main et jamais sans l’avoir solidement attachée au fond d’un cachot d’où on ne la sortira que pour l’exhiber en de rares et très mémorables occasions.
(313)La rhétorique de la Claire lumière n’implique-t-elle pas le risque d’une séduction tout aussi aveuglante et trompeuse que celle des Ombres de la nuit?
(314)Nous ne sommes redevables qu’au Seul, Grand et Généreux Hasard d’avoir pu nommer très tôt et dans une langue qui nous aura consolé autant qu’elle nous enchante tout autant l’Impensable du Néant que l’Omniprésence d’un Vide aussi infiniment accueillant qu’éternellement Indifférent
(315)Les formidables anticipations que les prédictions de la science permettent d’imaginer et dont les médias se saisissent avec empressement pour leur donner un maximum d’audience ne manqueront jamais de provoquer suffisamment d’angoisse pour que les religions puissent s’en servir aussitôt comme d’un combustible particulièrement particulièrement bon marché et efficace!
(316)Les rêves oubliés comprenaient-ils les rêves à venir?
(317)La pointe si lucide et si acérée de notre chère conscience correspond-elle au fond à beaucoup plus qu’à l’agitation frénétique et désordonnée d’une minuscule tête d’épingle perdue au beau milieu d’un inextricable réseau d’innombrables neurones enchevêtrés?
(318)C’est toujours à nouveau hors d’un inépuisable et très insondable Au-delà de tous les horizons possibles ou impossibles que, pour nous inquiéter ou nous émerveiller ne cessent de surgir toutes ces surprises que, depuis le tout début, nous offre sans compter une Seule, Unique et très inconséquente Contingence aux multiples Visages…
(319)N’ignorant pas les glaces du désert n’en négligeons pas le sable des banquises!
(320)Pour celui qui entend maintenir le cap en direction de l’Ultime et bienveillante Sagesse il convient de se préparer à la paix tout autant qu’à la guerre, aux Ombres de la nuit tout autant qu’à la Clarté du grand jour, au fracas du combat tout autant qu’à l’inattendu d’ensorcelantes, enveloppantes et pénétrantes caresses…
(321)Les rencontres les plus décisives sont celles qui touchent avec un maximum de précision et bien avant que nous ayons pu nous en rendre compte notre vertige le plus secret.
(322)Pour parvenir à bien mesurer la vrai valeur du sérieux ne faudrait-il pas commencer par ne pas se prendre soi-même trop au sérieux?
(323)Sans cet impensable Néant dont l’Unique forme possible est un Vide aussi infiniment accueillant qu’éternellement Indifférent aucun de nos éphémères battement d’ailes, de cœur ou de paupières n’eut été seulement concevable
(324)Chacune de nos Lampes de poches est un nouveau fragment du labyrinthe, une nouvelle possibilité d’hésitations et d’interrogations qu’on finit toujours par abandonner à d’autres hésitations, à d’autres bifurcations, à d’autres interrogations…
(325)Lorsqu’on croit tenir ne serait-ce qu’une Seule demi-vérité pourquoi faudrait-il se précipiter aussitôt tête baissée à la recherche de l’autre moitié?