LAMPES DE POCHE

(649)s’exposer sans défense à un feu roulant de questions toutes plus saugrenues ou absurdes les unes que les autres pourrait bien constituer une thérapie de choc efficace bien que tout de même provisoire pour qui se sentirait progressivement envahi par un dangereux sentiment d’insuffisance, de ratage ou d’échec…

(650)Si nous devions faire un jour allégeance à quelque maître alors que ce soit à la façon d’un singe plutôt qu’à celle d’une taupe ou d’un perroquet

(651)L’inépuisable et très inconséquente Générosité du plus Grand des Hasards nous aura donc toujours déjà offert, et non sans malice, tout autant l’interminable réunification d’une interminable dispersion que la fragmentation d’un non moins interminable rassemblement.

(652)Nous ne parcourons jamais notre imprévisible et double labyrinthe à Ciel Ouvert et à Claire Voie avec plus d’énergie et de conviction que lorsque nous nous y voyons secoué et ballottés, retourné puis submergé et emportés par une étourdissante succession de rêves ou cauchemars tous plus inquiétants ou excitants les uns que les autres…

(653)Aussi attirante qu’imprévisible et vagabonde la quête de l’impossible et Grand Amour n’est-elle pas d’abord et avant tout celle du renouvellement de nos illusions les plus généreuses, les plus folles ou les plus risquées?

(654)Il n’y aura d’Ultime et bienheureuse Sagesse que pour celui qui aura su s’asseoir à la table des fous!

(655)Car c’est toujours à nouveau dans le passage indéfiniment rejoué du Sens au Non-sens et du Non-sens au Sens qu’il nous faut chercher le chemin vers cette Ultime et bienveillante Sagesse qui semble ne nous faire signe que pour mieux nous égarer et ne nous attendre que pour mieux nous échapper…

(656)Définitivement enfermé et même ligoté dans l’espace le plus exigu ne resterions-nous pas capable d’y réaliser avec brio nombre d’improbables acrobaties mentales et autres pirouettes spirituelles?

(657)Car c’est aux multiples traces, empreintes et autres intrigants indices laissés en nous et tout autour de nous par le plus Grand des Hasards que nous devons notre âme de Chasseur!

(658)La question théorique de savoir si une exacte détermination de la frontière entre le sérieux et le non-sérieux est possible de même que celle, pratique, de savoir quand et comment il y a lieu de franchir cette même frontière, que ce soit dans un sens ou dans l’autre sont les deux faces d’une même question à laquelle il convient de répondre avec un maximum de circonspection et sans jamais se départir d’un indispensable et déjà presque légendaire sens de l’humour.

(659)Mais ne nous laisserions-nous donc pas trop souvent prendre au jeu trouble et troublant de l’apparition des Majuscules?

(660)Si nous nous mettions à marcher sur la tête nos pensées n’en deviendrait-elle pas immédiatement moins fières ou moins arrogantes, moins sûres d’elles-mêmes et de leur prétendue supériorité?

(661)Rien mieux qu’épouser le Hasard pour mettre enfin les pas dans ceux de son propre destin!

(662La vraie musique est cette flèche qui sait nous atteindre avec une telle énergie et une telle précision qu’elle pénètre alors d’un coup jusqu’au cœur le plus secret d’un inextricable et décidément très précieux réseau de neurones enchevêtrés, y provoquant aussitôt une onde qui, s’y propageant à vive allure nous submerge bientôt complètement avant de s’évanouir elle-même et sans laisser d’autres traces qu’un écho s’amenuisant peu à peu jusqu’à sa complète disparition

(663)L’esprit qui nous habite et parfois nous tourmente, généralement si fier de ses propres acrobaties, pirouettes et autres retournements ne serait-il donc qu’un rejeton lointain et très oublieux ou ingrat de la rencontre inopinée entre une toute première frayeur et une toute première jouissance?

(664)L’insondable et capricieuse Générosité du plus Grand des Hasards ne nous a-t-elle pas déjà plus d’une fois vêtus puis dévêtus et de nouveau revêtus comme des Guignols, des Pierrots ou des Arlequins?

(665)Ne prions jamais que pour que continue l’Errance

(666)Soyons donc reconnaissant à tous ces modestes « parfois » et autres discrets « peut-être » qu’on ne glisse jamais sans une secrète jouissance au cœur vivant d’un incontournable, indispensable et double labyrinthe d’écriture à Ciel Ouvert et à Claire Voie!

(667)Quelles que soient les couleurs affichées le signe du territoire est toujours déjà le territoire de tous les signes.

(668)Le style est bien, d’un bout à l’autre de l’œuvre et jusque dans les moindre recoins de cet interminable et double labyrinthe à Ciel Ouvert et à Claire Voie la Seule, Unique et indispensable Signature inachevée d’un inachèvement longtemps prémédité…

(669)C’est toujours en riant que l’esprit se dépoussière, se renouvelle, se régénère même à l’occasion, toujours à nouveau prêt à surmonter avec un incontestable brio d’inévitables excès de sérieux!

(670)Le temps qui nous échappe que pour mieux nous consumer n’aura donc cessé d’offrir à notre très inconstante mémoire la possibilité d’un heureux étirement de ses propres traces…

(671)Ce qui n’a pas été peut-il encore être oublié?