LAMPES DE POCHE

(376)Une confiance un peu naïve dans les capacités de représentation des langues dites naturelles n’est-elle pas la principale source de ces illusions grâce auxquelles la raison, toujours aussi ingénieuse, avare et calculatrice construit et reconstruit la cage où elle finit toujours par s’enfermer elle-même comme hypnotisée par ses propres succès.

(377)Ce n’est qu’en remerciant régulièrement le plus Grand et le plus Généreux des Hasards qu’on parvient à se maintenir suffisamment en forme pour, l’esprit toujours aux aguets, accueillir avec succès les déroutantes surprises que ne cesse de nous réserver une imprévisible et très Originaire Contingence aux multiples Visages…

(378)Bien que la plus grande part de notre incessante activité cérébrale continue de nous échapper l’écriture, avec une patience qui ne se dément jamais en conservera toujours suffisamment de traces pour que la chasse puisse continuer…

(379)Ne sachant nous passer d’un minimum de croyances ou de convictions réjouissons-nous d’en pouvoir varier indéfiniment l’expression, à la virgule près!

(380)Cette incontournable et sombre méchanceté qui ne cesse de narguer notre inestimable bonté ne serait-elle qu’un fruit fruit amer, stérile et tardif de cette aveuglante Nécessité qui ne nous entoure et ne nous assiège que pour mieux s’accrocher aux basques d’une Seule, Unique et Omniprésente Contingence aux multiples Visages

(381)C’est assurément sur l’impossibilité de toute représentation d’un Vide aussi infiniment accueillant qu’éternellement Indifférent qu’immanquablement rebondissent et avec toujours autant d’énergie les sauts, pirouettes et autres cabrioles d’une inépuisable et très acrobatique danse spirituelle!

(382)Ce qui tout à la fois fascine et terrorise dans cette impitoyable méchanceté qui peut nous assiéger de tous côtés et parfois même de l’intérieur ce n’est pas tant la perfection de l’automate qu’elle met en œuvre que ce Vide qui, dans ses yeux, n’est qu’un impossible reflet de l’inconcevable Néant

(383)Car c’est bien dans l’exacte mesure de son interminable et décisive victoire face à un inconcevable Néant que le Hasard ne cesse de faire exister pour nous l’impossible Présence du présent dans le Temps

(384)Le style n’est rien sinon cette inimitable signature qui, se prolongeant, s’étirant et se ramifiant jusque dans les ultimes soubresauts d’un indispensable et nécessaire inachèvement n’aura donc cessé de nous échapper

(385)Si la vie devait son Origine à une quelconque symétrie ce serrait probablement d’abord surtout grâce à un léger décalage de celle-ci vers le bleu…

(386)N’est-ce donc que pour s’en remettre à celui des extra-terrestres qu’il nous faudrait nous priver de cette énigmatique et muette douceur du Sourire des anges?

(387)Difficile tout de même de rester beau joueur sans prises régulières d’un subtil mélange de généreuse Colère et d’humour acrobatique…

(388)L’imprévisible énergique et très insondable Générosité du plus Grand des Hasards est toujours toute entière déjà logée tout autant dans chacune de ces indispensables unions, réunions réconciliations qui nous habitent et nous entourent que dans chacune des innombrables divisions, séparations ou dissensions toujours déjà présentes jusqu’au cœur de ces mêmes unions, réunions et autres réconciliations…

(389)L’écriture, tout comme la lecture qui l’accompagne presque immanquablement n’indiquera jamais qu’un Seul et même Grand Silence à l’horizon d’une irréversible et commune Solitude

(390)Les généreuses Promesses de l’Horizon ne se réalisent jamais mieux ni plus complètement qu’à travers un inépuisable réseau d’innombrables perspectives croisées, recroisées et toutes plus inattendues ou déroutantes les unes que les autres…

(391)Pour pouvoir se libérer enfin d’une obsédante et superstitieuse fascination pour le Nombre ne suffirait-il pas tout simplement de savoir fermer les yeux à chaque vrai et bon moment plutôt que de les user en nous efforçant obstinément d’en décrypter le Chiffre!

(392)Cette insaisissable idée du rien qui n’aura donc cessé de nous échapper n’est peut-être bien au fond qu’une fille naturelle, sauvage et délurée de la déception et du soulagement…

(393)A l’implacable, sombre et aveuglante Nécessité qui nous entoure, nous assiège et nous emporte répondons par un enchaînement rapide, osé et particulièrement joyeux d’imprévisibles et déroutantes bifurcations!

(394)Notre méchanceté est donc bien toujours déjà prête à toutes les bassesses et à toutes les lâchetés: en éprouvant chaque fois une jouissance proportionnelle à son incurable et sombre ressentiment.

(395)Toujours à nouveau confrontée à l’éternelle et Omniprésente indifférence du Grand Vide l’Énergique Hasard ne doit la réussite de son interminable et formidable Danse qu’à un irrépressible et généreux Débordement de jaillissantes et tourbillonnantes métamorphoses…

(396)Certains points d’interrogations ne sauraient être durablement charmés que par la musique d’un même, Grand et généreux Silence

(397)Que l’Incessant nourrisse encore longtemps pour nous les germes de nos futurs écarts!